Afin de diversifier ses placements, de répartir les risques et de sécuriser son patrimoine face à l’inflation, placer son argent à l’étranger peut s’avérer une solution gagnante… À condition d’en connaître les aléas potentiels…

Texte : Marc Auxenfants

Est-il intéressant d’investir à l’étranger ? Certains marchés extérieurs connaissent en effet une croissance économique plus rapide qu’au Luxembourg ; ils offrent des opportunités de rendements plus élevés, dans des produits financiers et des secteurs porteurs, avec des perspectives de gains supérieurs.

INVESTIR DEPUIS LE LUXEMBOURG

L’opération est d’autant pertinente que placer son argent à l’étranger depuis chez soi est possible. La plupart des banques de détail luxembourgeoises proposent d’investir dans une large gamme de produits étrangers : fonds (indiciels, immobiliers…), actions (cotées sur des dizaines de places boursières), obligations étatiques ou d’entreprises, devises étrangères… Elles disposent pour cela d’une plateforme en ligne, permettant de choisir les produits d’investissement et de passer directement des ordres de vente et d’achats de titres.

« La plupart des banques de détails luxembourgeoises proposent d’investir dans une large gamme de produits étrangers »

En marge de ces établissements traditionnels, les banques 100 % en ligne mettent elles aussi à disposition une palette généralement plus large des produits d’investissement à l’étranger. Comme par exemple la banque en ligne britannique Revolut, qui propose aux particuliers d’investir via son application dans « plus de 3.000 actions américaines et européennes, dans des obligations d’État, dans des ETF ou encore dans des métaux précieux (nickel, or, argent, platine et palladium) ». Ou bien la Suisse Swissquote basée au Luxembourg, qui offre via sa plateforme digitale « un accès mondial à des opportunités financières » notamment de types actions, fonds d’investissement, options et futures, produits structurés, cryptos, devises étrangères, assurances-vie…

Pour certains produits financiers comme les fonds d’investissement ou les assurances-vie, le mode de gestion est principalement discrétionnaire : le client choisit le produit dans lequel il investira. Il n’a toutefois aucun droit de regard sur la gestion même, ni sur le choix des produits ou des régions qui composent le portefeuille d’investissement. Parfois, il a la possibilité d’intervenir directement dans la gestion du fonds : par exemple, de placer des ordres d’achats ou de vente de titres. Le coût est souvent élevé et donc dissuasif : comptez plus de 20 euros par ordre.

Mais on l’oublie souvent : le Luxembourg est la première place financière en Europe et la seconde dans le monde pour l’offre et la gestion des fonds d’investissement. Et ces fonds investissent principalement dans des produits financiers étrangers. Investir à l’étranger depuis le Luxembourg est donc possible. À noter toutefois que ces placements sont bien souvent passifs : ils n’autorisent aucun contrôle sur la gestion et les orientations du portefeuille. Et ils sont soumis aux fluctuations et à la volatilité des marchés.

INVESTIR DIRECTEMENT À L’ÉTRANGER

L’autre option est d’investir directement à l’étranger pour accéder à d’autres opportunités de placements : par exemple dans des entreprises locales ou dans des biens immobiliers étrangers. Dans le premier cas, l’investisseur finance la création ou l’acquisition d’une société. Il en devient le propriétaire partiel ou intégral. Il peut donc intervenir activement dans sa gestion et ses orientations stratégiques. Et il en perçoit directement les bénéfices.

Autre source de rendements financiers : l’investissement immobilier à l’étranger permet de diversifier son patrimoine immobilier tout en profitant de prix plus compétitifs, d’un marché en expansion (qui valorisera le bien choisi), mais aussi d’avantages fiscaux intéressants. Il peut s’agir d’un achat pour une utilisation personnelle : l’investisseur vise uniquement un rendement à long terme, en tablant sur une plus-value à la revente du bien. Ou alors d’un investissement à des fins locatives : l’opération consiste à louer pour une durée indéterminée le bien immobilier acquis, afin de percevoir des revenus supplémentaires issus des loyers.

L’investisseur se constitue un patrimoine sur le long terme (via la valorisation du bien dans la durée), tout en bénéficiant dans certains pays d’une réduction d’impôt et/ou d’avantages fiscaux attrayants. Il peut aussi opter pour un achat en direct d’une maison ou d’un appartement. Il détient ainsi un contrôle total sur le bien, et profite d’une plus grande plus- value potentielle. L’opération nécessite cependant un investissement initial plus important (pour des travaux de rénovations) ; elle implique une gestion locative plus contraignante ; ainsi qu’une excellente connaissance des lois et démarches administratives du pays.

L’investisseur peut sinon opter pour une SCPI (Société Civile de Placement Immobilier) et ainsi détenir un portefeuille diversifié de biens immobiliers, pour un montant plus accessible. La gestion est déléguée à une société spécialisée et les revenus sont distribués sous forme de dividendes. Il n’a donc pas besoin d’être sur place pour s’occuper de la location et de la maintenance du bien au quotidien.

Toutefois avant l’achat, il s’agira de bien se renseigner sur leur stabilité politique, la croissance démographique, la situation sociale, le potentiel touristique et le niveau des prix immobiliers de la commune et du pays ciblés.

CROWDFUNDING ET PRIVATE EQUITY

Investissements hors des circuits financiers institutionnels, le crowdfunding et le private equity sont désormais réglementés (donc moins risqués) et gagnent en popularité.  Le crowdfunding (financement participatif) consiste à financer un projet (entrepreneurial ou immobilier notamment) local ou étranger.

« Avant d’envisager les différentes possibilités de placement, il est essentiel de faire le point sur votre situation et vos besoins »

Concrètement, le porteur du projet lance un appel de fonds (pour des petits montants généralement ) via une plateforme en ligne. L’opération offre à l’investisseur une source alternative de diversification et un accès à des projets parfois inaccessibles en direct. Le private equity (ou capital- investissement) permet lui d’acquérir une participation dans une société non cotée en bourse locale ou étrangère, et d’en tirer une plus-value-potentielle lors de la revente. L’investisseur soutient ici des petites entreprises en croissance et participe directement au financement de l’économie réelle.

ATTENTION AUX REVERS

Comme toute opération financière, investir comporte aussi des risques. Risques d’instabilité politique et économique : des changements de gouvernement, des conflits politiques ou une récession économique peuvent impacter la valeur du produit d’investissement. Tout comme les fluctuations des taux de change, quand l’investissement concerne un pays hors de la zone euro. Attention aussi aux mauvaises surprises concernant les frais de gestion du produit d’investissement, les impôts sur les gains en capital, les taxes locales, ou encore les coûts d’entretien du bien immobilier. Bien lire les conventions fiscales internationales : le Luxembourg a signé des accords bilatéraux avec de nombreux pays. Les textes clarifient les obligations fiscales de l’investisseur, limitent les taxes excessives, tout en évitant une double imposition sur les mêmes revenus. Il est pertinent d’en prendre connaissance afin d’éviter les mauvaises surprises notamment fiscales. Ne pas non plus sous-estimer les lenteurs et complexités administratives et réglementaires ; certains pays imposent même des restrictions aux non-résidents ou exigent de nombreux documents avant de donner leur feu vert à l’investisseur étranger. Aussi, avant de se lancer dans des placements de portefeuille ou dans des opérations d’investissement directs à l’étranger, il serait avisé de consulter un expert en marchés financiers étrangers et/ou dans la fiscalité du pays concerné.

TROIS CONSEILS DE LËTZFIN

Portail d’informations financières de la CSSF à destination des consommateurs

  • Avant d’investir : analysez votre situation et vos objectifs personnels. Avant d’envisager les différentes possibilités de placement, il est essentiel de faire le point sur votre situation et vos besoins. Cela passe par l’établissement d’un budget personnel et par une réflexion approfondie sur vos objectifs, votre tolérance au risque, et vos connaissances en matière d’investissement.
  • Diversifiez vos risques : lorsque vous investissez, il est important de répartir votre capital le plus largement possible afin de minimiser les risques de perte. La diversification des risques joue en effet un rôle important dans l’investissement. Il est donc fortement recommandé d’investir dans différents produits ou dans différentes entreprises issues de différents secteurs. De cette manière, les éventuelles dépréciations d’un produit peuvent être compensées par d’éventuels gains de valeur d’autres investissements.
  • Comment investir : si vous disposez déjà d’une réserve d’épargne sûre, vous pouvez décider d’investir une partie de votre épargne avec l’objectif de réaliser des gains à moyen ou à long terme. De manière générale, investir implique plus de risques qu’épargner. Ainsi vous devez toujours bien évaluer le risque avant de prendre une décision d’investissement. L’investissement doit prendre en compte votre objectif d’investissement et être adapté à votre personnalité. Vous avez le choix entre de nombreuses possibilités d’investissement : les actions, les obligations, les fonds d’investissement et les produits dérivés.

Pour en savoir plus : www.letzfin.lu

Article initialement publié dans Femmes Magazine n°263 édition de février 2025, à retrouver ici.