Dans un monde où les droits des femmes sont inlassablement mis à l’épreuve, Hors d’Haleine d’Éric Lamhène et Rae Lyn Lee, se dresse comme un puissant plaidoyer pour la résilience et la solidarité féminine. Sortie le 13 novembre…

Par Alina Golovkova

Ce drame bouleversant suit Emma, qui trouve refuge dans un foyer pour femmes en détresse. Au sein de cet univers de douleurs et de silences, où chaque histoire est empreinte de lutte et de résilience, se tisse une sororité inattendue. Porté par quatre actrices, dont Carla Juri et Véronique Tshanda Beya, qui se sont confiées à Femmes Magazine, découvrez les coulisses de ce film poignant qui transcende la fiction pour devenir un appel au courage et à la liberté des femmes.

Femmes Magazine : Si vous deviez partager avec nous l’essence du film ?

Carla Juri : C’est une réflexion sur les droits de la femme. Au festival du film de Varsovie où le film a été présenté, le public polonais a été interpelé par l’idée du droit à l’avortement qui fait grand débat dans le pays (ndlr : l’avortement n’est actuellement autorisé en Pologne que si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste, ou si celle-ci constitue une menace pour la vie ou la santé de la mère). Et c’est un problème dans beaucoup d’autres pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis.

« Nous pensions que l’avortement n’était plus un sujet tabou, la réaction du public nous a démontré le contraire » – Carla Juri

C’est aussi une réflexion sur les droits fondamentaux des femmes – ces droits fondamentaux, sont-ils encore « fondamentaux » ? Dans ce film, Emma (ndlr : rôle interprété par Carla Juri), est enceinte et réalise qu’elle est dans une relation abusive. Elle se pose la question de garder l’enfant. Elle a le droit de choisir. C’est important d’avoir le choix.

Carla Juri interprète Emma dans Hors d’Haleine ©Samsa Film

Femmes Magazine : Pourquoi avoir choisi de jouer dans ce film ?

C.J. : L’approche du co-réalisateur, Éric Lamhène, était intéressante à mes yeux. Beaucoup de recherches avaient été faites sur le sujet, sur des expériences réellement vécues, tel un documentaire. J’avais le sentiment de pouvoir m’infiltrer, et cela me plaît beaucoup. J’ai aussi suivi mon intuition, j’ai senti que je devais le faire, malgré une certaine peur, car le résultat était hors de mon contrôle. Aussi le cerveau sait faire la part des choses, mais le corps, non.

Véronique Tshanda Beya : L’idée du film m’a beaucoup touchée. Je voulais vraiment participer à cette expérience.

« Je souhaitais donner une voix à ces femmes abandonnées car elles n’en ont pas » – Véronique Tshanda Beya

Leur message doit être entendu et telle a été ma mission.

Femmes Magazine : Comment était-ce de travailler avec Éric et Lyn ?

C.J. : Je les ai rencontrés pour la première fois en video call, il y avait quelque chose d’intéressant qui transparaissait de ce couple, ils étaient très différents l’un de l’autre. Tout cela m’a plu.

Femmes Magazine : Comment s’est déroulé le tournage ?

C.J. : Nous avons tourné pendant un mois. Certaines actrices avaient moins d’expérience que d’autres, et nous nous entraidions. Il y avait cette solidarité comme entre les femmes du film, car le sujet touchait chacune d’entre nous d’une manière particulière. Ce tournage nous a beaucoup rapprochées, on a l’impression de se connaître depuis des années.

V. T. B. : Éric Lamhène était très doux, un vrai professeur, un mentor sur les tournages. Toute l’équipe était très sympathique. Aussi, les dialogues du film ont été écrits par les réalisateurs, mais nous avons beaucoup improvisé. Éric nous encourageait à nous exprimer comme nous l’aurions fait dans la vraie vie et le scénario s’adaptait ainsi au fur et à mesure du tournage.

Femmes Magazine : Est-ce qu’il y a eu un avant et un après pour vous avec ce film ?

C.J. : Jouer dans un film peut être thérapeutique. Je ne sais pas si j’ai déjà été dans une relation abusive… je ne le crois pas. Mais si je l’ai été, ce film m’a été thérapeutique ! Je suis guérie !

V. T. B. : Les scènes que nous avons tournées étaient tirées de vrais moments de vie. Le fait de savoir que des femmes ont subi et subissent cela, j’en ai été bouleversée. On sait qu’il y a de la violence, notamment en Afrique d’où je suis originaire. Ici, les lois sont sévères mais là-bas, il y a de la négligence, l’homme est le roi du monde. On a aussi tourné avec des femmes de différents foyers au Luxembourg et elles nous ont raconté ce qu’elles ont subi. Je sais que cela peut m’arriver et que cela peut arriver à n’importe qui, n’importe quand.

« Cela n’arrive pas qu’aux autres » – Véronique Tshanda Beya

Et il n’y a pas que les hommes qui ont tort, parfois la vie bascule. Aussi, cela m’a donné la force et le courage de me dire que si un jour cela m’arrivait, je serais préparée car je sais dorénavant que cela existe.

Véronique Tshanda Beya joue le rôle de Khadij dans Hors d’Haleine ©Samsa Film

Femmes Magazine : Quel est le message de ce film ?

V. T. B. : On a souhaité dire aux femmes qui ont été victimes de violences que ce n’est pas fini, qu’il y a toujours une solution. Car il y a des femmes qui manquent de courage, qui n’arrivent pas à dire non ou sont terrorisées par leur bourreau.

« On a apporté du courage à travers ce film, de la vie » – Véronique Tshanda Beya

Parfois les femmes ne cherchent pas à s’en sortir par peur des conséquences. À travers ce film, nous avons souhaité donner de l’espoir. Il faut commencer quelque part même si on a peur, même si cela semble compliqué. Il faut suivre ses rêves, avec du courage. Les femmes doivent être fières de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font, le plus important est d’avoir confiance en soi et de s’aimer.

Hors d’Haleine d’Éric Lamhène et Rae Lyn Lee avec Carla Juri, Véronique Tshanda Beya, Esperanza Martin González-Quevedo, Alessia Raschellà, Sascha Ley et Luc Schiltz à découvrir dans les salles de Luxembourg le 13 novembre 2024.

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