Fonceuse, mais prudente. Créative, mais pragmatique. Rita Knott a les pieds bien sur terre et sait sa chance d’être cheffe d’entreprise.

Depuis une décennie, cette ancienne responsable des ressources humaines a à cœur de développer le coaching au Luxembourg, mais également à l’international. Nous l’avons rencontrée.

Quelles sont les grandes lignes de votre parcours jusqu’à la création de votre société?

A vrai dire, devenir entrepreneur n’a jamais été un rêve. Avant de créer ma société, j’ai travaillé durant 26 ans dans une banque, dont 12 ans aux ressources humaines, mais surtout, j’y occupais une place au sein du comité exécutif. Cela a, en quelque sorte, conditionné la suite. Je me suis alors rendu compte que j’avais l’âme d’un leadership. J’ai également suivi en accompagnant le travail une formation universitaire de trois ans en coaching, à Francfort, au cours de cette expérience professionnelle. Ces deux éléments conjugués ont contribué à faire que j’en suis là aujourd’hui.

Pourquoi avez-vous décidé de créer votre propre entreprise?

J’ai eu une opportunité. Etre entrepreneur n’était, pour moi, pas une fin en soi. J’ai besoin de concret. Un jour, une a.s.b.l., via le Fonds Social Européen, m’a sollicitée pour un programme de coaching, sur quatre ans. Cela me semblait pérenne. J’ai sauté le pas.

Par quelles étapes êtes-vous passée?

Se lancer dans l’entreprenariat ne se décide pas du jour au lendemain. C’est un processus qui demande du temps, de la réflexion. Rêver ne suffit pas, il faut avoir toutes les cartes en mains. De nombreuses personnes se disent qu’elles seront tranquille en créant leur société: plus de patron, la liberté… C’est utopique. Il faut garder les pieds sur terre. Dans mon cas, cela faisait deux ou trois ans que l’idée germait en moi. Mais je suis pragmatique: il me fallait une offre pour garantir ma survie économique. L’opportunité via ce programme subventionné par le Fonds Social Européen me donnait ces garanties.

Être une femme a-t-il été un frein?

Non, jamais. La principale difficulté que rencontrent les femmes, d’une manière générale, est qu’elles osent moins. Elles ne se mettent pas assez en avant, n’ont pas assez confiance en elles. C’est pourtant fondamental de savoir se vendre. J’avais levé ces freins au cours de mon expérience au sein de la banque. Cela a été une bonne école. Il faut également savoir que, hommes et femmes confondus, seuls 10% de la population ont l’étoffe des entrepreneurs. Ce n’est pas donné à tout le monde. Je fais partie de cette catégorie.

A quoi devez-vous vos principaux succès?

Sans doute à la capacité de sans cesse me réinventer. Ce qui vaut aujourd’hui ne vaut plus pour demain. Nous vivons dans un monde – et a fortiori à une époque – en mouvement perpétuel. Les changements s’accumulent à une vitesse vertigineuse. Il faut garder le cap.

Et j’ai su m’organiser en ne mettant pas tous mes œufs dans le même panier (rires). J’ai trois structures, à Luxembourg et à Londres. Cette diversification de clientèle et géographique est un sérieux atout car ainsi, je ne dépends pas d’un seul marché, avec un seul produit.

Quels sont vos challenges à présent?

Ma première société fêtera ses neuf ans la semaine prochaine. A l’heure actuelle, mon principal défi est de continuer à grandir de façon organique, pas trop vite, sainement. J’ai fait le choix de ne pas employer de salariés. Ayant travaillée au sein des ressources humaines pendant douze ans m’a poussée dans cette direction. Je ne voulais plus gérer de personnel. Pouvoir travailler seule est un luxe, même si j’ai des associés à ma structure londonienne ou que j’ai parfois recours à des personnes indépendantes.

Où puisez-vous votre force?

J’ai des semaines de 70-80h, alors je fais en sorte d’avoir une bonne hygiène de vie pour tenir le cap. De la même façon, j’ai fait en sorte que mes bureaux soient proches de mon domicile. Et je vis entourée par la nature. Cela me permet de me ressourcer.

Avez-vous des rituels?

Un jogging matinal. Tous les jours, quel que soit le temps! Je n’y déroge pas. Et je commence mes week-end le vendredi après-midis – même s’il m’arrive parfois de travailler quelques heures le week-end – en changeant de rythme et en organisant des activités avec ma famille.

Y a-t-il une personne qui vous inspire, avez-vous un modèle?

Lorsque je travaillais à la banque, deux collaborateurs ont plus ou moins joué le rôle de mentors. Il y a différentes personnalités dont j’admire l’une ou l’autre facette, mais je n’ai pas de véritable modèle. A chacun d’aller puiser le meilleur pour s’en inspirer!

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat?

Garder les pieds sur terre, bien réfléchir, et surtout ne pas être naïve. Il faut savoir compter, prendre en compte tous les frais que nécessitent sa future société, et se faire une idée précise de ce qui nous attend. Réaliser une étude de marché est impératif afin de ne pas se lancer à l’aveugle.

Bien sûr, la pertinence du projet est également requise, et, surtout, avoir l’étoffe d’un leader, appartenir à ces 10% dotés de la fibre entrepreneuriale. Une fois que ces conditions sont réunies, on peut alors chercher un soutien professionnel. C’est important d’être bien accompagnée et conseillée.