Jusqu’à la dernière minute, pandémie oblige, certaines maisons ont hésité : défiler en public ou pas ? Un tiers vont finalement relever le défi pour une Fashion week milanaise qui sera le reflet de 2020, entre hommage au Liban et à Black Lives Matter et un certain virus comme toile de fond.
Après Londres et New York, le coup d’envoi de cette Semaine de la mode italienne, qui s’annonce très dense, a été donné mercredi par Missoni.
La maison italienne, connue pour ses explosions de couleurs, a présenté sa nouvelle collection de manière virtuelle, comme 41 autres griffes, sur les 64 défilés homme et femme printemps/été 2021 programmés jusqu’à lundi prochain.
C’est également le cas de Moschino, Versace, et Prada, qui dévoilera, dans un show très attendu, la première collection de Raf Simons conçue en tandem avec Miuccia Prada.
Sites internet, chaînes Youtube et réseaux sociaux…. les marques utiliseront divers canaux de communication pour diffuser leurs défilés.
22 défilés “In Real Life”
Giorgio Armani a choisi, lui, de le faire samedi soir en prime-time sur la chaîne de télévision italienne La 7. Vingt-deux autres maisons ont en revanche fait le pari de la présence d’un public, à l’image de Fendi, Dolce & Gabbana, Etro, Ferragamo ou Max Mara. Et ce malgré les difficultés liées aux règles de distanciation physique imposées par la pandémie, mais aussi aux changements de dernière minute, comme ces tests coronavirus rendus obligatoires pour tous les voyageurs arrivant de Paris en Italie.
“Organiser un défilé en public en ce moment est un vrai casse-tête”, confesse-t-on dans les coulisses d’une grande maison de mode.
“Le nombre de places a été drastiquement diminué et le +seating+ (l’attribution des sièges aux journalistes, “influenceurs” et acheteurs), qui est déjà en temps normal un vrai +tetris+ diplomatique et politique, nous fait nous arracher les cheveux. On ne veut froisser personne mais on n’a pas assez de place pour tout le monde”.
Selfie masqué de rigueur
Le chiffre d’affaires de la mode italienne a chuté de 30% au premier semestre 2020, avec une contraction marquée au deuxième trimestre.
Pour les “happy fews” qui assisteront physiquement aux shows, le rituel comprendra thermoscanneur à l’entrée, lavage de mains et masque. De quoi rendre le selfie devant le podium moins sexy que d’habitude.
Les maisons croisent les doigts pour que la circulation relativement maîtrisée du virus en Italie ne s’emballe pas (le pays recense environ 1.300 nouveaux cas par jour, bien en dessous de la France par exemple), afin de n’être pas contraintes de changer de stratégie au dernier moment, comme ce fut le cas en février avec la décision de Giorgio Armani de défiler à huis clos.
Parmi les autres grands noms ayant choisi des défilés physiques : Valentino qui a créé la surprise en défilant exceptionnellement cette saison à Milan plutôt qu’à Paris.
Une décision à la fois éthique, pour permettre de produire localement le show, et sanitaire, pour éviter des déplacements en ces temps de reprise de l’épidémie.
Le mastodonte du secteur, Gucci, manque en revanche à l’appel. Comme annoncé par son emblématique directeur artistique Alessandro Michele en mai dernier, la maison a décidé de réduire le nombre de ses défilés de cinq à deux par an et de les organiser en dehors des Fashion weeks.
Une Fashion Week plus que jamais ancrée dans l’actualité
Cette Fashion week se veut aussi le reflet des grands thèmes ayant marqué l’actualité ces derniers mois.
Elle organisera ainsi, avec le collectif Black Lives Matter in Italian Fashion, la présentation de collections de cinq créateurs noirs sous le titre “We are Italy”.
Et en solidarité à la population de Beyrouth, durement meurtrie par l’explosion survenue début août, elle mettra un coup de projecteur sur les jeunes créateurs libanais, comme Azzi & Osta, Emergency Room et Hussein Bazaza.