Quelle magnifique soirée passée vendredi 14 décembre au Théâtre National du Luxembourg en présence de l’extraordinaire Fanny Ardant venue jouer une pièce d’exception, Hiroshima mon amour, mise en scène par Bertrand Marcos.
Hiroshima mon amour est le scénario écrit par Marguerite Duras pour le film d’Alain Resnais sorti en 1959, qui en tant que nouvelle conscience du cinéma français, enquêtait sur les bombardements des villes japonaises. Il propose donc à Duras « une histoire d’amour d’où l’angoisse atomique ne serait pas absente. »
Cette histoire d’amour va être vécue par une actrice française qui rencontre en 1957 un architecte japonais pour les besoins d’un tournage à Hiroshima. Cette femme, qui redécouvre l’amour, veut oublier son passé sans y parvenir. Ainsi le japonais, qui reste centré sur sa propre histoire, libère la parole de son amante en lui posant des questions. Celle-ci évoque ainsi son passé à Nevers, son histoire d’amour scandaleuse avec un soldat allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, sa tonte et son exil à Paris.
Fanny Ardant, seule sur scène, toute de noir vêtue, avec pour unique compagnie un fauteuil noir, nous fait revivre cette histoire d’un drame individuel, comportant de nombreuses contradictions telles que l’amour et la mort, le silence et la parole, le présent et le passé. Cette pièce, un monologue, puise toute sa grâce et son intensité dans la prestation de l’actrice française, et notamment de sa voix si sensuelle. Gérard Depardieu, en voix-off, campe le Japonais et lui donne la réplique.
Cette conversation réunissant deux monstres du cinéma français (nous rappelant l’extraordinaire La Femme d’à côté, de Truffaut) a été mise en scène par Bertrand Marcos, inconditionnel de ces deux grandes dames, que sont Marguerite Duras et Fanny Ardant. En effet, la mise en scène de sa première pièce de théâtre fut La Mort de Marguerite Duras et il présenta au Théâtre de l’Atelier une adaptation de L’Eté 80 de Marguerite Duras avec Fanny Ardant.
A quand le retour de la Sublime Fanny Ardant au Théâtre National du Luxembourg pour une autre pièce ? On l’attend avec impatience !
Karin Santer