La mode fait partie des industries les plus polluantes de la planète et la fast-fashion jette de l’huile sur le feu. Des marques s’engagent pour produire des vêtements plus respectueux des Hommes et de la planète, mais ce sont les consommateurs qui ont les clés pour que la mode dite « éthique » gagne du terrain. « Le green dressing » impose juste un peu de bon sens et de la mesure. Ce qui n’est pas incompatible avec le plaisir…
Par Fabrice Barbian
L’industrie de la mode a un gros impact sur l’environnement puisqu’elle génère environ 10 % des gaz à effet de serre mondiaux. Elle consomme également beaucoup d’eau et la pollue aussi compte tenu des produits chimiques qu’elle utilise. « On estime que la production textile est responsable d’environ 20 % de la pollution mondiale d’eau potable, à cause des teintures et autres produits de finition », précise l’Agence européenne pour l’environnement (AEE). Enfin,
ce n’est pas anodin, elle génère des montagnes de déchets textiles et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui, alors que la fast-fashion et ses vêtements de piètre qualité ont le vent en poupe. Ajoutons encore qu’une partie de cette industrie fait produire ses vêtements dans des pays où les conditions de travail des « petites- mains » sont parfois déplorables.
Bref, favoriser l’émergence d’une mode plus respectueuse de la nature et des Hommes est impératif. Et dans ce domaine, tous les acteurs impliqués
ont des leviers à leur disposition.
Les marques s’engagent
Commençons par les fabricants puisque bon nombre de marques se mobilisent pour commercialiser des vêtements « responsables ». Pour ce faire, elles privilégient des matières comme les fibres recyclées, le chanvre, le lin, issues de matières premières bio ou bien encore naturelles (la laine, par exemple, même s’il importe alors de s’interroger sur la façon dont sont élevés les animaux), dont l’impact écologique est moindre que les matières synthétiques dérivées du pétrole. Elles affinent également leur processus de production et de fabrication de manière à limiter au maximum la production de déchets.
Elles peuvent aussi veiller à porter et partager leurs valeurs en se mobilisant, par exemple, pour lutter contre la surconsommation de vêtements. Et cela n’est pas inutile quand on sait qu’en moyenne, les Européens consomment près de 30 kilos de textiles par an et en jettent environ un tiers. Un autre levier dont disposent les marques, c’est bien évidemment d’imposer des chartes afin de faire respecter des exigences sur le plan éthique, pour assurer des conditions de travail justes et sécurisées pour les ouvriers, là où ils travaillent.
Faire et faire savoir
Ces « engagements », il importe de les faire savoir aux consommateurs pour leur permettre de choisir en connaissance de cause et en confiance. Pour cela, différents labels de mode « éthique » ont été créés. Citons, par exemple, Global Organic Textile Standard (GOTS) qui permet d’identifier les textiles biologiques, les marques soucieuses de l’environnement, de la santé des clients qui portent leurs vêtements et de ceux qui les confectionnent. Bluesign®, qui se focalise quant à lui sur la chaîne de production du vêtement, s’intéresse à l’entièreté de la chaîne d’approvisionnement textile afin de réduire conjointement son impact sur l’homme et l’environnement (eau, énergie, gestion des déchets). Bien entendu, dans la mode comme dans bien d’autres domaines, le « zéro impact » n’existe pas.
Les consommateurs : un peu de bon sens …
Connaître les labels, les marques éthiques ou bien encore les textiles à privilégier ou au contraire à éviter (viscose, coton,polyamide ou polyester, notamment), c’est déjà agir en faveur d’une mode plus durable, en tant que consommateur. Mais il y a d’autres leviers à activer en faveur d’un dressing responsable.
Le plus « performant » en la matière, plus encore que de sélectionner ses « produits », c’est d’acheter moins de vêtements afin de privilégier la qualité à la quantité, tout simplement. C’est du bon sens. Tout comme veiller à augmenter leur durée de vie en s’attachant à en prendre soin et à les entretenir.
Toujours dans ce registre, pourquoi tout acheter neuf alors que les friperies en ligne, les vide-dressings solidaires, les boutiques de seconde main ou « vintage » permettent de s’habiller à moindre frais et de manière plus écologique ? Et cela fonctionne aussi dans l’autre sens en alimentant ces points de vente de ses propres vêtements alors qu’ils sont encore en bon état, plutôt que de les jeter. Une évidence et pourtant il y a de la marge dans ce domaine. Toujours selon l’AEE, 87 % des vêtements usagés (ce qui ne veut pas dire « hors-service ») sont incinérés ou mis en décharge avec les conséquences que l’on imagine pour la nature.
Nul doute que la fast-fashion alimente allègrement ces monceaux de déchets compte tenu de sa qualité médiocre.
La slow-fashion progresse doucement A SLOW-FASHION PROGRESSE, DOUCEMENT
Pour finir sur une note plus optimiste, différentes études montrent aussi que de plus en plus de consommateurs se tournent vers la « slow fashion » ou durable. Le chiffre d’affaires mondial
de la mode éthique progresse et devrait augmenter encore. Une tendance similaire est également observée en ce qui concerne le marché de la seconde main, notamment porté par le e-commerce. Il est estimé à plus de 7 milliards d’euros rien que pour la France selon une étude de KPMG et de la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) en 2022. Certes, ces hausses de chiffres d’affaires sont aussi en partie alimentées par des prix qui progressent et de la « surconsommation ». Il est aussi vrai que les ventes de la fast-fashion progressent de manière plus soutenue encore : 130 milliards de vêtements et chaussures vendus par an soit des ventes multipliées par deux en une vingtaine d’années (source : Oxfam). Mais ne jouons pas les rabat-joie, il y a de petites notes positives qui alimentent une petite musique au profit d’une mode plus « responsable ». Le rythme, ça compte…
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