C’est au petit prince de la mode qu’est revenu l’honneur d’ouvrir le bal de la semaine de la mode parisienne. Il n’aura fallu que quelques instants à Simon Porte Jacquemus pour susciter l’émoi, réchauffer les cœurs et nous convier à découvrir son havre de paix, celui des souks marocains.

Simon Porte Jacquemus est à la mode ce que Romain Gary ou Albert Cohen sont à la littérature contemporaine. Des figures ô combien solaires, profondément éprises de leur mère. Celle de Simon Porte (décédée, ndlr.) mâtinait les silhouettes gracieuses et poétiques de mélancolie. La grâce est toujours là. Mais, cette saison, la nostalgie a cédé sa place à une vague de chaleur qui a irradié le Petit Palais, contrastant avec le froid polaire qui régnait ce lundi sur la capitale.

C’est à Rachid Taha qu’il laisse le soin d’annoncer la couleur… « Ya Rayah » donne le La de ce puissant ballet de silhouettes fauves, profondément inspirées de la culture berbère et ses nuances. Une collection sensuelle dont les pièces perdent en folklore ce qu’elles gagnent en modernité et en minimalisme, grâce au coup de crayon architectural du créateur marseillais.
L’hiver prochain, la femme Jacquemus fera fi des températures négatives pour déambuler telle une amazone sexy et urbaine : tuniques longues fendues aux airs de djellaba et sahariennes fluides, robe en maille légère aux manches bouffantes, tops qui jouent la carte de la transparence, réhaussés par des capelines – immenses – qui consacrent le style Jacquemus. Ocre lumineux, paprika chaleureux, bleu Majorel, kaki profond composent la palette chromatique de ce vestiaire éminemment féminin.

L’apothéose a été atteinte lorsque Simon Porte a rejoint, à son tour, le catwalk, arborant un sweat marron glacé estampillé « New Job L’Homme Jacquemus ». C’est de cette sobre et ludique manière que le créateur a ainsi mis fin à des mois de ragots : La maison s’enrichira d’une ligne masculine. « J’ai commencé à dessiner la femme pour ma mère, ma maison porte son nom. L’homme ? Je voulais vraiment attendre le bon moment, en ressentir l’envie, le besoin, comme une évidence. Rien ne venait. Je m’étais dit : le jour où je tombe amoureux, je créerai pour l’homme, car ce sera incarné, je pourrai me représenter qui est l’homme Jacquemus ». Simon Porte a rencontré son âme sœur. La maison proposera donc, dès juin prochain, d’une ligne masculine. Nous sommes (déjà) amoureuses.