Laver ses vêtements a un impact considérable sur la planète, et davantage encore sur les océans. En cause ? La libération des microplastiques provenant des fibres synthétiques utilisées dans l’industrie de la mode. Il existe pourtant des gestes et astuces simples qui permettent de réduire la fréquence à laquelle sont lavés les vêtements, pour amoindrir ce poids sur la biodiversité marine tout en faisant des économies. Explications.
En 2021, une étude menée par l’organisation Ocean Wise et le département des Pêches et des Océans du Canada a révélé la présence en grande quantité de microplastiques dans les océans, dont l’Arctique, une écrasante majorité (92,3%) provenant de fibres synthétiques, et plus particulièrement de polyester (73%) ressemblant au polyéthylène téréphtalate (PET) des textiles. Chose qui serait essentiellement due au lavage des vêtements, comme le fait savoir l’Ademe.
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie explique : “Le plus gros problème réside dans tout ce que libère le lavage des microparticules de nylon, polyester, élasthanne, ou acrylique. Emanant de nos vêtements, elles sont trop petites pour être filtrées par les stations d’épuration, elles finissent leur course dans l’océan. C’est la principale source de pollution des océans devant les sacs plastiques”. Et ce n’est pas sans conséquences, puisqu’une étude australienne datant de 2020 estimait à 14 millions de tonnes le poids des microplastiques dans les fonds marins.
Un constat qui a poussé la France, pays pionnier en la matière, à légiférer en rendant obligatoire d’ici 2025 les filtres à microplastiques dans les machines à laver. En attendant le déploiement de ces équipements plus écolos, voici quelques gestes simples qui permettront à chaque foyer d’amoindrir la quantité de microplastiques relâchés dans les eaux usées, puis jusque dans les océans, affectant les écosystèmes marins et terrestres.
Laver son jean après quatre utilisations
A quelle fréquence faut-il laver son jean ? La question fait débat, mais tous les experts sur le sujet sont unanimes : certainement pas après chaque usage. On l’a vu, cette habitude nuit à l’environnement, et plus particulièrement aux océans, et contribue à user plus rapidement le vêtement. En 2014, Chip Bergh, le PDG de la marque Levi’s, a révélé ne laver ses jeans qu’en cas d’absolue nécessité. “Lorsque mes jeans ont vraiment besoin d’être lavés, je le fais à l’ancienne : je les lave à la main et je les fais sécher dans un sèche-linge”, a-t-il fait savoir. S’il n’est pas question de ne plus laver ses jeans, il apparait qu’un nettoyage à basse température après quatre à six usages suffise amplement à maintenir cette pièce incontournable du dressing dans un bon état.
C’est ce que confirme la marque française 1083, qui laisse toutefois ses clients seuls maîtres de déterminer la bonne fréquence pour allonger la durée de vie de leurs jeans. “Quant à savoir à quelle fréquence laver un jeans, le débat reste ouvert. Ce qui est sûr, c’est qu’en le lavant souvent, on l’use plus vite. Mais en ne le lavant jamais, il va s’encrasser et les grains de saleté auront un effet abrasif également négatif. On parle en moyenne de quatre usages consécutifs pour les pantalons, à vous de jauger !”, indique la marque sur son blog. Et de préciser toutefois que le sèche-linge se révèle “agressif” pour la matière. Pour limiter les mauvaises odeurs, il est conseillé de ne pas ranger son jean dans une armoire après l’avoir porté, mais de le laisser à l’air libre.
Privilégier certaines matières
Quant aux autres vêtements, cela dépend de la matière utilisée pour leur conception. La majorité des sous-vêtements doit bien évidemment être lavée après chaque usage, à l’exception du soutien-gorge qui peut être porté à plusieurs reprises avant un passage en machine. Quant aux vestes et aux manteaux, ils ne sont pas directement en contact avec le corps, il n’est donc pas nécessaire de les laver chaque mois ou chaque semaine, loin de là. Certains experts évoquent même une fréquence de deux ou trois lavages dans l’année, c’est dire !
Mais ce changement de comportement peut se produire bien en amont dudit lavage, autrement dit au moment de l’achat des vêtements. Il faut savoir que certaines matières s’auto-nettoient en quelque sorte, puisqu’elles empêchent la prolifération des bactéries et des… odeurs. Un bon point à ne pas négliger lorsque l’on choisit un vêtement. C’est notamment le cas de la laine, mais aussi du chanvre, du lin, de la fibre de bambou ou de la fibre de coco. Des matières qui cumulent de nombreux avantages, tant écologiques qu’économiques, et qui rendront dans tous les cas vos armoires plus green.
Se lancer un challenge
Peut-on porter la même robe pendant 100 jours ? Oui, à en croire la marque Wool& qui propose depuis plusieurs années déjà le ‘100 Day Dress Challenge’. Le concept est simple : il s’agit de porter l’une des robes en laine de la marque pendant 100 jours pour découvrir les performances de cette fibre dont la résistance aux odeurs permet de limiter les lavages en machine. Pour y participer, il s’agit de s’inscrire via un formulaire dédié, puis de porter ladite robe 100 jours à la suite en prenant des photos et en les postant sur les réseaux sociaux (afin que la marque puisse s’assurer que le vêtement a bien été porté tous les jours) puis à les envoyer par email à l’issue du challenge. Si le défi est relevé, une carte cadeau d’une valeur de 100 dollars, ou 100 euros pour les clients européens, sera envoyée à la personne challengée.
“Notre défi de 100 jours a confirmé ce que l’industrie de la laine et les amateurs d’activités de plein air affirmaient : la laine est un tissu performant doté de remarquables propriétés de résistance aux odeurs”, explique Wool&. La marque précise que le challenge permet d'”apprendre à tirer le meilleur parti d’un vêtement”, mais aussi de prendre conscience de ses réels besoins vestimentaires, et du fait que, contrairement aux idées reçues, les vêtements, quels qu’ils soient, ne définissent pas un individu. Sans tomber dans l’excès, il semble indéniable que réduire la fréquence de ses lavages ne peut être que bénéfique pour la planète comme pour le porte-monnaie.