L’émergence et la rapide progression des programmes d’intelligence artificielle bousculent le monde de la culture. Alors que certains craignent que cette technologie se substitue à la créativité humaine, l’Opéra de Leipzig s’en saisit pour proposer le premier ballet conçu par l’IA.
© Ida Zenna / Oper Leipzig
Le ballet en question s’intitule “Fusion”. L’Opéra de Leipzig le décrit comme l’un des premiers spectacles chorégraphiés à utiliser l’intelligence artificielle dans chacun de ses aspects. Il s’agit d’une création du chorégraphe allemand Mario Schröder et du compositeur Harry Yeff, plus connu comme Reeps100. Ce Britannique s’évertue à pousser sa voix au-delà de ce que nous croyons être possible, comme il l’explique sur son site.
Pour “Fusion”, Harry Yeff s’est servi de l’IA pour élargir sa tessiture vocale. Il s’est ainsi entraîné pendant plus d’un millier d’heures pour transformer sa voix de telle façon à ce qu’elle semble post-humaine. “Ma voix est maintenant augmentée grâce à des centaines d’heures d’entraînement avec l’IA. Je suis désormais capable d’atteindre des vitesses et des profondeurs que je n’aurais moi-même jamais envisagées. Je suis une augmentation vivante”, a-t-il déclaré au magazine Wallpaper.
Dans ce ballet, Harry Yeff met sa dextérité vocale au service d’une bande sonore éclectique mêlant musique classique et électronique, créée en collaboration avec le compositeur syrio-italien Gadi Sassoon. Les sons qu’il produit mettent en mouvement les danseurs du ballet de Leipzig, et plus particulièrement Yun Kyeong Lee et Vincenzo Timpa. Ensemble, ils encouragent les spectateurs à s’interroger sur “l’interaction étroite entre le corps et la voix”, comme l’explique l’Opéra de Leipzig.
Les représentations de “Fusion” se tiendront jusqu’au 8 juillet à l’Opéra de Leipzig, en Allemagne. Ce ballet illustre comment le monde de l’opéra, et plus généralement celui du spectacle vivant, pourrait se servir des récentes prouesses des logiciels d’intelligence artificielle au service de la création. Avant “Fusion”, cette technologie s’était déjà emparée du plateau du Lincoln Center, à New York, dans le cadre de “Song of the Ambassadors”. Une performance mêlant musique, science et technologie que l’artiste K Allado-McDowell avait imaginée avec l’aide de GPT-3.