A la tête de la société ETIC, qui dispense des cours particuliers aux élèves en difficulté et/ou aux élèves dont la volonté est de s’améliorer dans l’une ou l’autre matière, Nathanaël Benizri nous parle de son travail et des répercussions du confinement sur son activité.

Vous étiez enseignant en mathématiques, pourquoi avoir choisi la voie plus risquée de l’entreprenariat ?

Je dois ce choix à mes traits de caractère. J’ai toujours aimé réaliser des projets et entreprendre de nouvelles choses. La prise de risques ne m’effraie pas, au contraire, elle me nourrit et me motive à me surpasser. C’est tout naturellement que j’ai laissé exprimer mon envie d’entreprendre en l’alliant à ma fonction première qui était d’enseigner.

J’ai été bercé dans un tissu familial axé principalement autour de la scolarité et des études, mon père était professeur pendant plus de 30 ans en Belgique et ma mère travaillait dans le comité de direction d’une école. Mes parents sont ma source d’inspiration et m’ont poussé à faire de bonnes études en vue d’avoir un travail gratifiant.

J’ai dispensé mon premier cours il y a 12 ans. J’en garde un souvenir impérissable. La session de cours était convenue pour une durée d’une heure et demie, mais elle a finalement duré quatre heures. Je ne comptais pas mon temps d’implication. Mon seul objectif était d’assurer à mon élève la réussite de son test qui se déroulait le lendemain. Une fois le résultat tombé, ses parents m’ont couvert de remerciements. Cette satisfaction personnelle, cette fierté et cette valorisation m’ont conduit à poursuivre le tutorat.

L’expérience, les opportunités et ma motivation ont fait qu’aujourd’hui je suis heureux et fier de suivre 42 tuteurs tout en dispensant encore des cours de mathématiques à mes élèves.

Le job est identique mais les responsabilités se sont-elles accrues ?

Le travail n’est pas vraiment similaire étant donné que je me suis adapté à toutes les tâches que doit gérer et organiser un gérant d’entreprise. Mes journées sont complètes et ne se ressemblent jamais. Je jongle entre le marketing, la communication, le recrutement, la comptabilité, la gestion des finances et le tutorat. Mes responsabilités se sont accrues avec le temps et avec l’augmentation du nombre de tuteurs.

Au-delà de ce parallèle avec ma vie d’entrepreneur, le tutorat individualisé est fondamentalement différent de l’enseignement classique. Il m’est beaucoup plus aisé aujourd’hui d’établir une relation de confiance avec mes élèves. Un élève qui se sent écouté et suivi, est un élève qui redoublera d’efforts dans son apprentissage et sa formation. Il gagnera en confiance en soi et croira en ses capacités et en ses réalisations futures.

Je m’efforce d’inculquer que rien n’est insurmontable et que nous ne disposons, certes, pas tous des mêmes outils au départ,, mais que cela ne doit pas nous empêcher de parvenir à notre but.

Avez-vous poursuivi votre activité pendant la pandémie ?

Nous avons cette chance d’avoir pu nous adapter rapidement tout en délivrant une même qualité de services. Les technologies mises à disposition nous a permis de maintenir l’activité.

Nous avons mis en place les cours en ligne. Les étudiants et les parents nous ont suivi, ce qui a permis de maintenir  l’activité. Malgré tout, la demande en cours a significativement baissé, du fait des annulations des épreuves de bacs des systèmes français ; européen et international, par le gouvernement.

Nous avons voulu témoigner notre soutien total au personnel médical en proposant la gratuité complète des cours à leurs enfants. Cette initiative a été  un véritable succès et nous sommes heureux d’avoir pu contribuer à notre manière avec ce geste de solidarité.

Comment avez-vous vécu le confinement ? 

Je suis un peu mitigé face à la situation. À la fois, il m’a durement atteint, mais il a également été source d’opportunités.

L’ interdiction de tout contact humain m’a vraiment démoralisé. Je me ressource auprès des personnes qui m’entourent, que ce soit personnellement ou professionnellement. J’adore les relations entretenues avec mes proches, mes tuteurs et surtout mes élèves qui m’apportent ce vent de fraîcheur au quotidien. J’ai pu continuer à les voir à travers mon écran Skype, mais ce ne sont pas les mêmes vibrations. Je me suis rendu compte que les interactions virtuelles ne me correspondent pas du tout.

Par ailleurs, ce confinement a permis de mettre mon temps disponible au profit d’autres projets. Dont la création d’une nouvelle branche d’activités dédiée aux entreprises, ETIC Corporate qui fournira des prestations de formations au monde professionnel. 

En tant qu’entrepreneur, avez-vous été aidé ? 

C’est ici que le bât blesse… Aujourd’hui les promesses d’indemnisation annoncées par le gouvernement n’ont pas été tout à fait tenues. Je n’ai pu recevoir qu’un tiers des aides prévues.

Malheureusement, cela n’était pas suffisant pour couvrir l’ensemble des frais de structure de la société. J’ai alors décidé de ne pas me verser de salaire durant cette période compliquée afin d’aider quelque peu à la pérennité de la trésorerie de l’entreprise. Cette mesure semble être radicale mais elle a été réfléchie en pleine âme et conscience, je préférais m’assurer qu’ETIC puisse subvenir de façon indépendante à ses besoins, et de garantir le versement des salaires à mes tuteurs jusqu’en janvier 2021.

Je pense ne pas être le seul entrepreneur dans cette situation, à devoir appliquer de telles mesures. Il faut savoir faire des concessions, et gérer au mieux son entreprise en bon père de famille.

Si c’était à refaire,  quitteriez-vous votre poste d’enseignant ?

Pour rien au monde je n’échangerais ma vie ! Je me sens épanoui et j’aime plus que tout mon travail. Je suis parvenu à concilier tutorat et gestion d’entreprise et parvenir à un équilibre qui me convient parfaitement.

Je suis très content de percevoir une reprise de l’activité post-confinement. Cela me rend optimiste pour l’avenir. Les gens reprennent confiance depuis la réouverture des écoles, et acceptent de se déplacer de nouveau vers nos bureaux. 

Je reste confiant à ce que nous retrouvions notre vitesse de croisière d’ici la fin de l’année. À noter que nous aidons plus de 350 élèves issues de différents cursus et écoles.