Dans un secteur juridique en pleine mutation, où les défis de carrière se conjuguent encore souvent au masculin, un réseau s’impose avec conviction depuis 2017 : LILLA, la Ladies in Law Luxembourg Association. Ce collectif engagé s’est donné pour mission d’inspirer, soutenir et connecter les femmes du droit, en créant des passerelles entre les parcours, les générations et les fonctions. À l’occasion d’un atelier consacré au personal branding, nous avons rencontré Alexandra Slack, présidente de l’association, et Michelle Barry, membre du board, pour parler ambition, sororité et évolution professionnelle.

Interview réalisée par Alina Golovkova

Quel est l’ADN de LILLA et pourquoi sa création était-elle nécessaire ?

Alexandra Slack : LILLA est né d’un constat : il n’existait pas de réseau inter-cabinets pour les femmes du secteur juridique au Luxembourg. En 2017, quelques collègues ont lancé l’initiative, qui s’est vite imposée comme un espace unique où les femmes peuvent se rencontrer, s’entraider et progresser ensemble, quel que soit leur lieu de travail.
Michelle Barry : C’est aussi un moyen de créer une communauté au sein d’un marché très international et fragmenté. Quand on arrive au Luxembourg, souvent seule, sans avoir étudié ici, il est difficile de construire un réseau. LILLA comble ce vide.

À qui s’adresse le réseau aujourd’hui ?

A.S. : À toutes les femmes du secteur juridique, au sens large : avocates, juristes, collaboratrices en conformité, notaires, clercs, étudiantes en droit… et aussi professionnelles des ressources humaines – nous avons d’ailleurs une représentante RH au sein du conseil d’administration. Il suffit d’avoir un lien avec le monde juridique.
M.B. : Et nous sommes aussi ouvertes aux hommes ! Nous croyons fermement à une approche inclusive de la diversité. Les hommes doivent faire partie de la conversation pour que les choses changent réellement.

Quels sont les principaux avantages à rejoindre LILLA ?

M.B. : Le réseautage, bien sûr, mais aussi l’accès à des événements inspirants : conférences, petits-déjeuners d’accueil pour les nouvelles arrivantes, ateliers en petit comité… Nous avons aussi des programmes de mentorat informels qui permettent de créer des connexions précieuses, parfois même en dehors de son lieu de travail.
A.S. : Le marché luxembourgeois fonctionne énormément sur les relations. Beaucoup d’opportunités ne se trouvent pas sur LinkedIn, mais dans la vraie vie. Et LILLA, c’est justement ce « vrai réseau ».

Quelles sont, selon vous, les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes dans le monde juridique ?

A.S. : Le manque de mentorat, d’abord. Avoir quelqu’un qui croit en vous, qui vous pousse en interne mais aussi une personne externe pour vous conseiller en toute objectivité, c’est essentiel.
M.B. : Et bien sûr, il y a la question de la parentalité. Les femmes se posent encore mille questions : quand avoir un enfant ? Que se passera-t-il à mon retour ? Vais-je passer à côté d’une promotion ? Ce sont des inquiétudes très concrètes. Et à l’inverse, les hommes qui veulent s’investir davantage dans la sphère familiale se heurtent aussi à des résistances. C’est un vrai sujet de société.

Vous avez organisé une série de workshops. Quel en est l’objectif ?

M.B. : Inspirer, outiller, guider. Cette année, nous avons lancé une série de sept ateliers en cohorte – c’est-à-dire que le même groupe avance ensemble sur plusieurs semaines – avec pour thématique : le développement de carrière dans le monde juridique.
A.S. : Nous abordons des sujets clés : comment se positionner sur le marché de l’emploi luxembourgeois, comment construire sa marque personnelle, comment rester soi-même tout en respectant les codes, comment s’habiller avec assurance… Nous faisons intervenir des expertes du coaching, de la communication ou du personal branding.
M.B. : C’est très vivant. Les participantes ne sont pas passives, elles posent des questions, partagent leurs expériences. L’énergie du groupe est incroyable !

Combien êtes-vous aujourd’hui au sein de LILLA ?

A.S. : Nous comptons environ 20 membres entreprises (principalement des cabinets d’avocats) et 50 membres individuels. Mais notre liste de diffusion touche plus de 1 500 contacts. Ce chiffre s’explique notamment par le fait que, pour chaque entreprise membre, l’ensemble de ses collaborateurs est automatiquement intégré au réseau. Cela représente un levier important pour faire rayonner nos actions et rappeler à chacun qu’il peut y participer.

Un mot pour conclure ?

M.B. : Rejoindre LILLA, ce n’est pas seulement assister à des événements. C’est appartenir à une communauté engagée, bienveillante, exigeante aussi.
A.S. : C’est croire qu’on peut faire carrière autrement, avec du sens, de l’entraide et de la visibilité. Et surtout, qu’on ne le fait pas seule.

Plus d’informations sur le site de l’association.

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