Les femmes absentes de l’espace public ? Qu’à cela ne tienne : grâce à la réalité augmentée, Snapchat va faire apparaître sur les écrans des statues de femmes emblématiques, aux côtés de monuments réels dédiés aux hommes célèbres, à partir du 8 mars.
Parti “du constat un peu triste que les femmes sont sous-représentées, avec 10% ou moins des statues” dans l’espace public, le studio de réalité augmentée de Snap “mettra à l’honneur 8 femmes, dans 8 villes de France, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars” et au-delà du 8 mars.
Loin des filtres ludiques “oreilles de chien” qui ont fait la réputation du réseau, ces statues en 3D, terriblement “réelles”, apparaîtront sur des socles et dans des attitudes similaires à celles des célébrités masculines, via la marque au logo de petit fantôme ou en scannant un QR code. Simone Veil côtoiera ainsi le général de Gaulle à Paris; à Lyon, l’écrivaine Simone de Beauvoir sera positionnée auprès d’Antoine de Saint-Exupéry, l’auteur de Terre des hommes et du Petit Prince; Joséphine Baker accompagnera Jean Moulin à Metz…
La technologie qui permet de superposer au monde réel des images générées par ordinateur honorera aussi la peintre Elisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), la femme de lettres Françoise de Grafigny (1695-1758), Manon Tardon, une figure de la résistance, Olympe de Gouges (1748-1793), une des pionnières du féminisme, ainsi que la militante féministe et journaliste Hubertine Auclert (1848-1914), à Marseille, Bordeaux, Nantes, Strasbourg et Lille.
“Nous avons tenté d’associer femme de lettres et homme de lettres, résistante et résistant etc.”, explique Donatien Bozon, directeur de l’AR Studio, premier centre au monde de Snap dédié à la réalité augmentée, basé à Paris. “L’AR peut avoir une réelle utilité dans le domaine de la culture”, affirme celui qui a pris l’an dernier la tête de ce studio, désormais entouré de 14 personnes.
L’équipe a déjà proposé des expériences culturelles de réalité augmentée à Paris, mais c’est la première fois qu’est développée une expérience au niveau national – entièrement autofinancée par Snap. “La beauté c’est qu’on n’a pas de pression, pas d’objectifs financiers”, affirme M. Bozon.
Si le réseau social continue de gagner des utilisateurs dans le monde (750 millions d’utilisateurs uniques mensuels, dont 27 millions en France), Snap fait actuellement face à des “vents contraires” selon son patron américain naturalisé français Evan Spiegel, liés notamment à l’état du marché de la publicité. Le groupe a enregistré des pertes nettes de 288 millions de dollars en 2022.