Texte par Fabien Grasser

Claude Wiseler reprend les rênes d’un CSV en pleine tourmente après deux ans de présidence de Frank Engel. Il s’engage à reformer profondément le parti en vue des législatives et des communales qui se dérouleront dans deux ans. Des élections à l’issue desquels les chrétiens-sociaux espèrent retrouver le pouvoir et quitter les bancs de l’opposition où ils sont relégués depuis 2013. 

Net, sans bavure et sans surprise : 400 délégués du CSV sur 475 ont accordé leur confiance à Claude Wiseler lors du congrès national qui s’est tenu ce samedi 24 avril en mode digital depuis Junglinster. Seul candidat en lice, il prend la présidence d’un parti en pleine tourmente, déchiré par des conflits internes qui ont mené à la démission de son prédécesseur, Frank Engel. Tête de liste malheureuse aux élections de 2018, Claude Wiseler aura pour mission de redresser l’image abîmé du CSV et séduire un nouvel électorat en vue des scrutins législatifs et communaux qui se tiendront en 2023, une année cruciale au terme de laquelle le premier parti d’opposition compte bien retrouver le chemin du pouvoir national perdu en 2013. 

Claude Wiseler s’est pour cela entouré d’une nouvelle équipe « jeune et dynamique », associée à des personnalités expérimentées « où les gens veulent travailler ensemble », a-t-il déclaré à l’issue du congrès de samedi. Une allusion limpide aux différends qui ont miné le parti durant les deux dernières années où il a été présidé par Frank Engel. Celui-ci a été contraint à la démission le 19 mars alors que plusieurs députés du parti ont effectué un signalement au parquet à son encontre, le soupçonnant d’abus de biens sociaux au détriment d’une association satellite du CSV. Mais cet épisode n’était que l’aboutissement d’une crise de confiance de plus en plus profonde entre la fraction parlementaire et Frank Engel. Son style iconoclaste et ses prises de position sans concertation détonnaient dans les rangs du parti conservateur. Frank Engel, qui n’a pas assisté au congrès de Junglinster, a rendu samedi sa carte de membre du CSV dont il était membre depuis 26 ans.

Part belle aux trentenaires

Pour s’épargner la répétition de ce genre de péripétie, Claude Wiseler veut réformer le CSV en profondeur. Cette volonté s’est traduite dès samedi par l’élection de la nouvelle équipe dirigeante, chaque poste étant doublé sur une base paritaire. Ainsi, le parti sera coprésidé par la jeune Elisabeth Margue (31 ans), tandis qu’Anne Logelin (38 ans) et Paul Galles (47 ans) deviennent les nouveaux vice-présidents et que le secrétariat général sera conjointement assuré par Stéphanie Weydert (36 ans) et l’eurodéputé Christophe Hansen (39 ans). Un organigramme qui fait donc la part belle aux trentenaires. 

Ce nouveau dispositif n’a pas pour but « une dilution de la responsabilité mais un partage nécessaire du travail pour le mener à bien », soutient Claude Wiseler. Cette nouvelle configuration s’appliquera également à la fraction parlementaire puisque celle-ci sera désormais coprésidée par Martine Hansen et Gilles Roth. Le nouveau président veut également favoriser, sur les questions importantes, les prises de décisions communes entre les organes du parti et ses députés afin d’éviter l’étalage public de dissensions. Claude Wiseler tire ainsi les leçons d’épisodes comme celui de l’an dernier qui avait vu Frank Engel se prononcer en faveur d’une imposition des successions immobilières en ligne directe, une ligne rouge pour nombre de barons du CSV. 

Ecologie et « croissance qualitative »

« Travail d’équipe » sont les maîtres mots de Claude Wiseler pour mener à bien sa mission et améliorer le fonctionnement du parti à l’interne. Samedi, lors du congrès, le CSV a aussi annoncé qu’il va améliorer sa communication vers l’extérieur en lançant notamment une web-TV.

Claude Wiseler affirme qu’il ne sera pas tête de liste aux prochaines législatives après son échec au scrutin de 2018 dont il était le grand favori, mais qui avait finalement vu la coalition sortante se maintenir au pouvoir de justesse. Personnalité consensuelle, se revendiquant de la « Mitte » (centre) chère à Angela Merkel, Claude Wiseler entend peser sur les choix politiques et économiques qui détermineront l’après crise sanitaire. « Nous allons faire des propositions : il s’agit de dire quelle société nous voulons pour demain », a-t-il annoncé lundi sur les ondes de 100.7. S’engageant sur le terrain écologique, il estime que le Luxembourg a une carte à jouer dans l’innovation technologique pour face à la crise climatique et environnementale. Il privilégie toujours une « croissance qualitative à une croissance quantitative ». Ce discours, déjà largement rôdé lors de la campagne électorale de 2018, a pour ambition de drainer un électorat plus jeune vers un CSV encore largement assimilé à un parti de notable. 

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