Passionnée par les relations et de l’être humain, ainsi que la manière de penser de chacun, Cristina Dos Santos est thérapeute en relation d’aide enfants, adolescents et adultes. Nos avons évoqué avec elle les relations parents-enfants.
Les difficultés relationnelles parents-enfants sont-elles un problème de société actuel?
Oui. Nous vivons dans un monde de stress où tout évolue de plus en plus vite, dans un monde où la technologie, les réseaux sociaux sont extrêmement présents, ce qui peut conduire au burn-out, à la dépression ou à l’épuisement. La société nous impose une certaine vision de la perfection afin d’être accepté. Les parents sont plus sensibilisés, plus fatigués, ont moins de patience, et au final, sont donc moins à l’écoute aux besoins de leurs enfants.
On a aussi des enfants qui ont perdu leurs repères suite à une séparation. La garde alternée, de plus en plus prisée, n’est pas toujours facile à gérer pour l’enfant et nous sommes aussi confrontés de plus en plus souvent au phénomène de familles monoparentales.
Tout ça aboutit au fait que l’enfant grandit en ayant des difficultés à trouver sa place dans la société, et parfois même au sein de sa famille. Ils se renferment dans le silence et se cachent derrière une caparace pour cacher leur mal-être. N’oublions pas l’adolescence n’est déjà pas une période évidente, ils doivent faire face à de nombreux changements, corporels, notamment.
Ce qui est le plus marquant, c’est que lors d’un conflit entre les parents et les enfants nombreux sont les parents à se placer au niveau de l’enfant et à oublier son identité de parent. Comme si deux adolescents se disputaient, en fait.
Cela est révélateur du fait que le parent-adulte n’a pas réglé ses blessures intérieures et les reporte sur ses enfants. La thérapie vient donc pour d’abord faire prendre conscience au parent de cette attitude pour ensuite l’aider à guérir ses blessures intérieures.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la «parentification», et ses conséquences?
On parle de parentification quand les rôles parents-enfants sont inversés. Ce mode de relation est réellement toxique pour l’enfant. En effet, il ne peut pas vivre comme un enfant jouer, rigoler et s’amuser. Au contraire, il sera contrait de grandir vite dans une insécurité totale. Il va tout faire pour satisfaire son parent fragile, se soucier, s’occuper de lui, mais que rien n’est jamais assez bien pour lui et il portera toujours le mal-être de son parent sur les épaule.
Les conséquences sont graves pour l’enfant, qui risque de développer un manque de confiance en lui et une non-estime de soi. A terme, cette situation va l’handicaper dans son accès à l’autonomie et va le placer dans un lien toxique de dépendance affective. Cela pourra conduire à des tendances dépressives, voire suicidaires et parfois même agressive.
Doit-on forcément entrer en conflit pour s’émanciper?
Non, pas du tout. L’évolution peut se faire naturellement, au fur et à mesure que l’enfant grandit. Un jeune adulte équilibré prendra son envol facilement, car il aura assez confiance en lui pour prendre ses décisions pour aller vivre ses expériences, tout en sachant que s’il y a un souci, il peut faire appel à ses parents.
Doit-on tuer la mère parfaite/ le père parfait pour être épanoui à l’âge adulte?
En prenant conscience de la réalité du lien affectif qu’on a eu dans son enfance, on peut se sentir bien et en paix avec soi-même et c’est déjà un premier pas vers la guérison des blessures intérieures, a fortiori s’il y a eu un lien désastreux. Les parents ont un rôle primordial pour l’enfant.
Justement, quand les parents ont été défaillants, quand on a été mal attaché dès le départ, que risque-t-on?
Si le cordon n’a pas été pas coupé correctement, une relation toxique risque de s’installer entre l’enfant et ses parents. L’enfant, notamment, risque de grandir avec des difficultés multiples, et de développer une dépendance affective qui entraînera un manque de confiance, d’estime de soi. Dès lors, il sera incapable de prendre des décisions seul, ne passera pas à la maturité, et sera même incapable d’évoluer professionnellement puisqu’il se mettra constamment des limites, se sentira toujours plus faible, aura toujours besoin de l’aide ou de se sentir rassuré par les autres. Il y aura également un impact aussi sur ses relations affectives. Il pourra soit trop s’investir dans une relation ou carrément fuir, quand cela devient trop sérieux, préférant aller de relation en relation, sans s’attacher. Cela peut engendrer des angoisses et des peurs également.
Comment guérit-on de ses blessures?
C’est possible de guérir de ses blessures intérieures, en faisant une thérapie
approfondie. Cela demande du courage – c’est un chemin douloureux – mais je vous garantis qu’au terme, vous porterez un autre regard sur vous-même, vous vous sentez en paix et plein d amour, vous vous respecterez et serez capable d’évoluer à votre propre rythme, tout en profitant du moment présent. Et, surtout, vous ne transmettrez pas inconsciemment vos blessures à vos enfants.
Cristina Dos Santos Thérapeute, 79 route d’Esche, Delvaux, Tél: 691 150 375.