Texte : Maria Pietrangeli
Qu’avons-nous appris ?
La crise sanitaire est arrivée presque sans bruit, et du jour au lendemain, le pays dans sa quasi totalité, s’est retrouvé confiné. Les signes avant coureur étaient là, nous avions l’exemple de l’Italie mais c’était si loin…
La population s’est organisée, télétravail pour ceux qui le pouvaient, cours via le web pour les enfants et un seul mot d’ordre « Restez chez vous ». Les mesures sanitaires ont été pour la plupart assez bien respectées. L’hécatombe engendrée par le covid-19 dans d’autres pays, avait de quoi inciter à la prudence. Petit à petit, la communauté s’est organisée et a trouvé des occupations pour combler tout ce temps qui lui avait fait tant défaut.
L’information a été prolifique sur la toile et nombreux ont été les articles qui incluait dans leur texte : « Après le coronavirus, le monde ne sera plus jamais le même » ou « Il faut tirer les leçons de ce qui nous arrive ».
Exercice d’introspection ou exercice philosophique, faire le point pendant les semaines de confinement, établir ce qui était important et ce qui était superflu, lister ce qui a véritablement engendré un manque… Exercice aisé qui permettra de déterminer de quelle façon nous voulons vivre une fois que nous pourrons sortir du confinement. Et si ce virus était un message ? A lui seul, il a stoppé l’économie mondiale… Et si nous en profitions pour nous diriger vers une société plus équitable, qui tient compte de la nature et qui tente de pallier les nombreux disfonctionnements dont nous avons été témoin ?
Concrètement, une absente : la dignité!
Cette crise sanitaire a engendré des comportements pour le moins inciviques. Le personnel médical, pourtant en première ligne pour combattre ce virus, a reçu des demandes de la part de leur voisin d’aller vivre ailleurs…
Les dénonciations auprès des autorités ont augmenté de façon exponentielle. Est-il légitime de se demander s’il s’agit « d’un devoir citoyen » face à une problématique de santé publique ou s’il convient de reléguer ces méthodes moralement inacceptables et dignes d’un passé révolu.
Autre comportement discutable : des masques commandés en Chine par la région Grand Est, ont été rachetés directement par les Américains sur le tarmac des aéroports chinois. Les avions ont changé leurs plans de vol pour se diriger vers les Etats-Unis au lieu de la France.
D’un point de vue économique, la crise à laquelle il faut s’attendre, n’a pas touché Jeff Bezos, puisque grâce au virus, sa fortune a augmenté de 20%. C’est cette considérable augmentation des ventes, qui a nécessité l’emploi de centaines d’individus supplémentaires.
Mais pour le tribunal de Nanterre, Amazon a clairement ignoré son obligation de garantir la sécurité et la santé de ses travailleurs. Le site ne pourra plus vendre que des produits de première nécessité jusqu’à ce que l’entreprise puisse garantir la sécurité de ses employés dans les centres de distribution.
Les préposés des postes à Luxembourg, eux, nous ont indiqué qu’ils livrent autant de colis qu’en période de Noël.
Est-ce la satisfaction d’un besoin non essentiel est plus important que la sécurité d’un livreur ou d’un agents des postes ?
Comment sauver l’économie réelle ?
La crise sanitaire va générer une crise économique majeure. Les timides aides étatiques ne pourront pas empêcher la fermeture de nombreuses entités : PME et/ou commerces. Conséquences en cascades, de nombreuses personnes ont (ou vont) perdre leur emploi. Il va falloir se reconstruire mais cela ne sera possible que tous ensemble. L’économie réelle du pays est composée des indépendants et des PME, créateurs d’emplois, qui, à cause du coronavirus, ont vu leur chiffre d ‘affaires se réduire comme peau de chagrin pour avoisiner zéro. Ils pourront à nouveau se relever de cette épreuve qu’avec l’aide de tout un chacun. Allons-nous acheter un peu plus cher que sur les sites internet internationaux pour sauver l’économie et l’emploi de notre pays ?
Plusieurs initiatives ont vu le jour dans ce sens. Le projet Nala (Now Act Local Association) est un site web de référencement pour toutes les petites entreprises luxembourgeoises qui sont ouvertes pendant le confinement. Depuis le 9 avril, la clc a lancé une plateforme nationale afin d’aider les commerçants : kaaftlokal.lu
Les clients achètent des bons d’achats qu’ils dépenseront chez leurs commerces dès la fin du confinement. L’objectif étant de soutenir le commerce local durant cette période compliquée.
L’individualisme n’est plus de mise, il est nécessaire de se rendre compte que nous vivons au sein d’une communauté interdépendante…