Après deux années de turbulences, le marché du crédit immobilier au Luxembourg retrouve un certain équilibre. Les taux variables, redevenus plus attractifs, relancent la demande, soutenue par les mesures gouvernementales. Mais entre inflation, décisions de la BCE et pénurie de logements, la prudence reste de mise. On a posé trois questions à Melanie Wolfsteller, directrice stratégie domaine crédits, BGL BNP Paribas, pour décrypter les tendances actuelles et les perspectives du marché.

Quelle est la situation actuelle des taux d’intérêt immobiliers au Luxembourg ?

Les taux à courte durée, variables et fixes révisables, sont actuellement à nouveau inférieurs aux taux fixes de longue durée (25 ou 30 ans), ce qui correspond à une courbe des taux normale. Depuis le début de l’année 2025, les taux fixes longs sont restés relativement stables tandis que les taux variables ont poursuivi leur tendance baissière jusqu’au début de l’été. Ils se situent aujourd’hui entre 3 % et 4 %. Auparavant, le Covid et la guerre en Ukraine avaient déclenché une hausse de l’inflation, induisant une remontée rapide des taux d’intérêt après une décennie de taux bas.

Depuis le début d’année 2025, les taux fixes longue durée sont restés relativement stables ; les taux variables ont poursuivi leur tendance baissière jusqu’au début de l’été.

Quelles tendances observe-t-on actuellement en matière de crédits immobiliers ?

Suite à la baisse des taux à courte durée, la proportion des crédits en taux variables et fixes révisables inférieurs à dix ans a augmenté, étant donné qu’une telle structuration d’emprunt expose davantage le client au risque d’inflation qu’un taux fixe sur 25 ou 30 ans.

Les clients à revenus plus élevés optent plutôt pour cette solution afin de profiter des taux plus bas, tandis que les profils de clients moins aisés préfèrent la sécurité du taux fixe. La durée de crédit de 30 ans est entre-temps devenue le standard, afin de permettre aux clients d’acquérir un bien aux prix actuels. Souvent, ils doivent emprunter plusieurs centaines de milliers d’euros. Grâce aux mesures gouvernementales (telles que la baisse des droits d’enregistrement), le marché des biens existants a connu une réelle relance, tandis que la reprise des nouvelles constructions reste modérée.

Pour 2026, quelles seront les perspectives du crédit immobilier ?

Celles-ci dépendront principalement de l’évolution de l’inflation et donc de la direction que la Banque centrale européenne prendra pour son taux directeur. Les tensions géopolitiques comportent toujours un certain risque de remontée de l’inflation. Pour le Luxembourg, s’ajoute la spécificité du manque structurel de logements, qui risque de s’accentuer en raison du nombre modeste de nouvelles constructions. Il en résulte un risque sur le prix de l’immobilier qui, en cas de hausse comme celle de 2023, induirait une baisse de la demande de crédits immobiliers, puisque de nombreux ménages atteindraient leurs limites financières.

Cette interview a été publiée initialement dans le Femmes Magazine d’octobre 2025, numéro 270.

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