Et si, avant chaque rapport sexuel, les hommes prenaient une pilule qui bloquait quelques heures leurs spermatozoïdes avant de leur rendre leur liberté ? Effectuée sur des souris, une étude publiée mardi ouvre cette piste encore bien loin de devenir réalité.

Une molécule est parvenue “à réduire la fertilité masculine rapidement et provisoirement chez des souris”, résume un communiqué de la revue Nature Communications dans lequel a été publié ce travail.

La contraception masculine se résume actuellement à l’usage du préservatif et à la possibilité de subir une vasectomie, dont les effets peuvent être irréversibles.

La pilule masculine, elle, reste un objectif inatteignable depuis des décennies, pour des raisons complexes qui tiennent à un faible intérêt de l’industrie pharmaceutique, comme à de réels défis à surmonter sur le plan physiologique.

Plusieurs projets ont toutefois obtenu des résultats intéressants après des tests chez l’humain. Mais il reste encore à les confirmer sur des échantillons plus larges.

L’étude publiée mardi en est à un stade bien plus précoce puisqu’elle a été effectuée sur des souris. Néanmoins, elle a l’intérêt d’ouvrir une nouvelle piste puisqu’il s’agit d’un contraceptif “ponctuel” et non, comme la pilule féminine, un traitement à prendre sur la durée pour assurer son effet.

La molécule étudiée bloque l’action d’une enzyme, l’adénylate cyclase soluble, qui joue un rôle centrale dans la mobilité des spermatozoïdes. Ces derniers se trouvent donc bloqués pendant plusieurs heures.

Chez les souris étudiées, la molécule a évité toutes les gestations quand les rapports ont eu lieu dans les deux heures après l’administration. En revanche, elle n’avait plus aucun effet 24 heures après, sans par ailleurs que des effets secondaires soient signalés.

Reste qu’il est impossible de savoir, en l’état, si ce traitement fonctionnerait de la même manière chez l’humain. Les chercheurs envisagent d’entamer des essais d’ici à trois ans.

“Je reste un peu sceptique quant au fait que cette méthode trouve un jour à être commercialisée”, a admis la chercheuse britannique Susan Walker, spécialiste de la contraception, qui n’a pas participé à l’étude.

Cependant, si Mme Walker reste prudente au vu de l’échec de nombreuses tentatives, elle reconnaît un “avantage frappant” à ce traitement potentiel, la promesse d’une efficacité immédiate.

Dans la vraie vie, remarque-t-elle, cela pourrait rassurer une femme qui constaterait que son partenaire prend cette pilule devant elle.