Les politiques d’influence, outils indispensables dans les relations étrangères entre États, prennent parfois des formes curieuses. Les pratiques de la Chine et de la Corée du Nord empruntent souvent des voies étranges.
Par Cadfael
La Chine championne de la zone grise
La Chine est championne dans ce jeu. Ses silences sont plus importants que ce qui est exprimé, ce que le Parlement anglais définit comme des « activités de zone grise ». C’est un cocktail de manipulations diplomatiques, d’informations militaires, économiques et culturelles dont le but est de pousser l’autre vers des décisions non désirées : une stratégie de l’ambiguïté et de la déniabilité.
La Chine continentale, dont la politique d’expansion suit les racines millénaires de conquête de l’ethnie dominante, les Hans, est maître dans l’art de la Realpolitik. La Brookings Institution, un think tank universitaire américain, a publié cette année une série d’analyses sur les réseaux criminels qui « fournissent une diversité de services au gouvernement chinois, au Parti communiste chinois et aux entreprises chinoises légales. Ils aident à construire des réseaux de corruption et d’influence impliquant des politiciens et des entreprises étrangères. Ces groupes criminels, dont certains ont une emprise mondiale comme la Triade 14K, contrôlent la diaspora chinoise et remplissent une fonction d’exécuteurs extra-légaux pour le compte des autorités chinoises contre ceux qui parlent et agissent contre le gouvernement et le parti. De ce fait, les fonctionnaires gouvernementaux chinois leur font bénéficier officieusement de la protection du parti et de l’autorité gouvernementale. » Facilitant l’espionnage à grande échelle de la Chine, ils utilisent l’IA de manière sophistiquée. En dehors du blanchiment et du trafic de stupéfiants, ils sont bien présents dans la traite humaine et l’esclavage, le braconnage de variétés protégées, l’ivoire, le cybercrime sophistiqué, bref, tout ce qui rapporte.
Un hôpital robotisé a 100%
Le versant ensoleillé de la communication chinoise aime présenter une économie à la pointe des progrès possibles, quitte à ce qu’une grande partie repose sur la recherche empruntée aux autres nations. Ainsi, les agences de presse chinoises viennent-elles fièrement de mettre en avant le premier hôpital reposant entièrement sur l’IA et fonctionnant sans personnel. Cet hôpital comporte des salles de consultations et d’examens, où l’on peut diagnostiquer et formuler des traitements, ainsi que quatre infirmiers pour le suivi au quotidien. La formation pratique de très haut niveau pour des étudiants en médecine sur des « cobayes » générés par l’IA est sans risque pour les patients. Cela rend possible des soins qualitatifs et financièrement accessibles, pouvant traiter 10 000 patients en quelques jours. L’IA est un des points chauds de la recherche de pointe en technologie médicale et pourra éventuellement compenser le manque de ressources médicales dont souffre le système chinois. Mais, comme l’exprime un scientifique chinois, cela ne peut pas remplacer des soins personnalisés et la compassion. Il précisait que la médecine est une science « de l’amour et de la chaleur humaine. L’IA reste un outil qui ne peut remplacer les médecins humains, qui demeurent les responsables légaux. »
Dans le clair-obscur de ceux qui n’existent pas
Ces derniers mois, les observateurs occidentaux s’inquiètent d’un regain d’activités du renseignement chinois. Les arrestations en Europe se succèdent et concernent souvent des individus liés aux milieux de l’extrême droite européenne. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, les aspects sécuritaires ont été renforcés en Chine, et le MSS, le ministère de la Sécurité d’État, créé en 1983, a pris de l’importance. Ce mélange de CIA et de FBI compterait 150 000 fonctionnaires. Il gérerait même un canal sur WeChat, où il s’exprime en matière de sécurité. Comme le note un expert anglais, en Europe, « il y a un réseau latent de sociétés et d’organisations privées qui travaillent au renforcement des intérêts du PCC. Le parti les tient en laisse et en cas de besoin, reçoit ce qu’il demande. » Un spécialiste souligne l’aspect asymétrique des opérations chinoises. « Leur complexité est difficile à déceler car nous ne pouvons que très difficilement évaluer l’importance des ressources chinoises investies. » Et à Luxembourg, il n’y aurait que des banquiers chinois, des professeurs de langue de l’Institut Confucius ainsi qu’une bonne centaine d’étudiants à l’Uni.lu. Il y a un an, le gouvernement néerlandais a proclamé le renforcement du contrôle de ces étudiants par crainte de vol de technologies et de risques pour la sécurité nationale.
Inscrivez-vous à notre newsletter pour découvrir tous les jeudis, des actus locales, des nouvelles tendances mode, des infos culture, business… C’est en un clic avec ce lien !