D’après un récent rapport du Statec, les conséquences sanitaires et économiques de la pandémie de COVID-19 sont criantes. Le confinement a engendré la diminution du revenu d’un résident sur six et a eu un effet négatif sur la santé physique d’une personne sur six.
Cette crise a également des répercussions psychologiques sur la population du fait de la raréfaction des relations sociales (amicales ou familiales). Un résident sur cinq s’est senti seul plus que d’habitude et le tiers a éprouvé un sentiment d’inquiétude. Tous ces constats sont analysés dans le rapport PIBien-être 2020, qui note par ailleurs que la corrélation entre bien-être et PIB est faible.
Les moins de 35 ans, particulièrement concernés par la solitude
Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont fortement bouleversé nos relations sociales : réduction des contacts avec les collègues et avec la famille. Il a également modifié notre lien avec l’espace public (interdiction d’accès aux aires de jeux par exemple). Le STATEC s’est intéressé à l’impact du confinement sur les relations sociales. Au total, le sentiment de solitude atteint plus de 21% des résidents au début du confinement et environ 19% entre avril et juin, contre 5% en temps normal (sentiment de solitude tout le temps ou la plupart du temps selon l’enquête EU-SILC de 2018). Durant le confinement, le sentiment de solitude était plus fort chez les jeunes et chez les moins aisés. Toutefois, l’impact de cette réduction des relations sur le bien-être n’est pas clairement établi, même si nous pouvons penser que la solitude ou l’isolement social peuvent affecter la santé morale des gens et ainsi leur bien-être. Sont particulièrement concernés par ce sentiment de solitude en 2020, les moins de 35 ans, les hommes, les plus défavorisés selon le niveau de revenu et les étudiants.
Dégradation de la satisfaction de la vie suite au confinement
En plus de son effet sur les relations sociales, le confinement a eu pour conséquence la baisse de revenus pour certaines personnes, les plongeant ainsi dans des difficultés financières. Tout cela a eu un impact sur les réponses aux questions concernant la satisfaction générale de la vie et le sentiment de dépression avant et après le confinement.
Dans les premières semaines du confinement, un résident sur 4 déclare que sa vie est moins satisfaisante qu’avant et ceci indépendamment du sexe. La même question a été posée lors du second trimestre, qui englobe la période du pic des admissions (avril) ainsi que la fin du confinement (mai), et seul 1 résident sur 5 admet ne pas être satisfait de sa vie comparé à la période d’avant la crise sanitaire. Il y a donc une hausse du sentiment de satisfaction de la vie entre le début du confinement et sa fin mais celle-ci est uniquement observée chez les femmes. La détérioration de la satisfaction de la vie est par contre observée chez les plus jeunes (15-34 ans), surtout durant les premières semaines du confinement. Par la suite la différence est moins nette.
Pourtant en 2019, le bien-être avait retrouvé le niveau de 2010, son niveau le plus élevé sur les neuf dernières années. Début 2020, alors que la pandémie n’était pas encore à l’ordre du jour, la Chambre des Députés a débattu sur le bien-être de la population et salué unanimement l’importance du PIBbien-être comme instrument de mesure.
Le bien-être est principalement déterminé par la confiance dans les institutions, la sécurité physique et l’amélioration du capital humain
Une analyse du Luxemburg Index of Well-being (LIW) qui synthétise plusieurs dimensions de la qualité de vie au Luxembourg (voir encadré) montre une baisse du bien-être à partir de 2011 soit 3 ans après le déclenchement de la crise économique et financière, le bien-être au Luxembourg atteint ainsi son plus bas niveau en 2013. À partir de là, il augmente fortement, et malgré une légère baisse en 2017, il retrouve en 2018 son niveau de 2010 et s’y maintient en 2019.
La remontée observée à partir de 2014 provient de l’amélioration de la confiance dans les institutions, de la hausse du sentiment de sécurité et du capital humain à travers une augmentation de la proportion des personnes de niveau d’études supérieures. À partir de 2016, l’introduction de l’indicateur sur « le temps passé dans les activités qu’on aime » montre une augmentation de ce temps de loisirs qui contribue aussi à la hausse du LIW. La dégradation durant cette période de l’indicateur lié au revenu et au patrimoine n’entrave pas l’amélioration continuelle du bien-être. Ce résultat tend à indiquer l’importance de facteurs autres que financiers dans l’évolution du bien- être au Luxembourg.
LIW versus PIB
Il existe une réelle divergence entre la tendance d’évolution du LIW, indicateur du bien-être, et le PIB/tête, l’indicateur traditionnel de la performance économique. Le graphique ci-dessous montre que le bien-être des n’a pas évolué au même rythme que la croissance économique. Depuis 2010, le bien-être au Grand-Duché a connu une amélioration globale de 1%, faible par rapport à la croissance de 29.3% du PIB ou de 12.1% du PIB/tête au cours de la même période. La corrélation entre les deux indicateurs est très faible.
Les projections économiques pour 2020 et les résultats des études sur les conséquences du confinement nous amènent à penser que le LIW tout comme le PIB/habitant vont se détériorer cette année et l’année prochaine.
Communiqué de presse du Statec