S’enliser dans la routine et se lover dans la sécurité ? Aux antipodes de la philosophie de vie de Diane Susilo. A fortiori quand la vie vous offre l’opportunité de réaliser votre rêve. À moins de la provoquer, comme l’a fait la créatrice de Merlin qui sait quelle est sa chance. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Ne lui parlez surtout pas de destin tout tracé ou de carrière de 30 années dans la même société. Le moteur de Diane Susilo réside dans le changement. « Depuis sept ans que nous vivons au Luxembourg, nous avons déjà déménagé trois fois », confesse-t-elle en riant. Un choix de vie qu’elle a aussi appliqué à sa carrière, opérant un virage à 180°. Cela faisait quatre ans qu’elle occupait le poste de responsable communication au sein de la Confédération Luxembourgeoise du Commerce (CLC) quand elle tombe enceinte de sa fille, Sienna, aujourd’hui deux ans et demi. Un (heureux) événement qui lui fait revoir ses priorités, mais aussi découvrir un tout nouvel univers : celui des mamans. N’ayant pas vocation à devenir mère au foyer, elle part en quête, entre autres choses, d’un sac à langer pratique, en cuir, qui pourrait aussi faire office de sac à main. Ou l’inverse. « À l’exception d’un modèle que j’ai déniché aux États-Unis, il n’existait alors absolument rien sur ce créneau. C’est à ce moment que j’ai eu l’idée d’un sac doté d’autant de facettes qu’une femme occupe de casquettes dans sa journée. Mais je n’imaginais pas une seule seconde que cette idée aller devenir réalité. »
On entend souvent les récits de ces « mompreuners », qui profitent de leur grossesse pour changer de voie. C’est un peu le cas de Diane qui aspire alors à avoir plus de liberté, afin de voir Sienna grandir. Un souhait fort peu conciliable avec la vie de salariée. L’aventure entrepreneuriale la tente. Et pourquoi ne pas créer ce sas auquel elle avait rêvé ? « C’était une niche, j’avais 30 ans. C’était maintenant ou jamais. » Et tant pis pour les qu’en-dira-t-on.
Là voilà engagée dans une aventure de 16 mois. Diane repart de zéro. Autodidacte, elle se forme à la création, lit différents ouvrages, se documente. Elle réalise seule le prototype de son sac à langer en 3D. Elle part ensuite à la recherche du maroquinier « un peu fou et visionnaire, comme moi » qui va accepter de la suivre dans son aventure, s’enquiert de tanneries, pour trouver la matière première. Une exigence : du made in France. « C’est un challenge que je sais osé. L’avenir me dira si j’ai commis une erreur. Nous avons le savoir-faire et les artisans en France, pourquoi aller ailleurs ? D’autant que le secteur se meurt. Certes, cela a un coût. Mais, avec ce sac, je m’inscris dans la durée, je parie sur l’avenir. » Elle rencontre son maroquinier en Bretagne, une région à l’imaginaire foisonnant et ludique, qui lui souffle le nom de sa marque : Merlin. Lui associer Paris, capitale de la mode, était tout naturel. « D’autant que le produit est 100 % français. » Voilà pour l’esthétique. Mais elle ne perd surtout pas l’idée de faire un sac pratique, en listant tout ce dont une jeune maman a besoin au quotidien : tapis à langer facilement accessible et imperméable, large ouverture pour y retrouver facilement ce que l’on cherche… Elle y associe une pochette en néoprène flashy – disponible en trois couleurs – qui fait permet de bien ranger, et surtout de parer aux accidents ! « Combien de biberons, de bouteilles d’eau, ou – pire – de compotes ai-je renversés dans mon sac à main quand Sienna était bébé (rires) ? » Son expérience façonne sa création. Le résultat ? Un sac pratique mais surtout élégant, que l’on peut emporter partout. « C’est tout de même plus joli qu’un imprimé fleuri criard, non ? » plaisante-t-elle. Ce sac est à son image. Tout en sobriété et en douceur, avec ce chic parisien et intemporel qui ont vocation à en faire un must have. Une réussite annoncée pour la trentenaire qui a encore du mal à se revendiquer comme créatrice. « C’est tout nouveau pour moi, je dois m’y habituer. Sur mes cartes de visite, j’ai fait inscrire ‘fondatrice’», nous montre-t-elle en souriant. Pour finir, nous lui demandons trois adjectifs pour qualifier la cliente Merlin Paris. « Quelques mots ne suffisent pas, j’ai envie que toutes les femmes se reconnaissent dans cette pièce. Je compte bien le faire évoluer, j’ai déjà plein d’idées en tête. »