Pancartes violettes, emblèmes, chants : le féminisme affiche haut ses couleurs, notamment lors de manifestations comme celles du 8 mars. Tour d’horizon des principaux symboles utilisés.

Le violet

Au Luxembourg, comme dans d’autres pays occidentaux, on considère le violet comme la couleur du féminisme. Il s’est imposé comme tel récemment, bien qu’il ait été utilisé par des féministes très tôt.

“Le violet fait partie des trois couleurs que se donnent les suffragettes anglaises de la Women’s social and political union en 1908”, explique Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers. “Il symbolise la dignité et est associé au vert pour l’espoir et au blanc pour la pureté”. 

Les identités visuelles varient encore aujourd’hui. En Amérique latine, par exemple, c’est le vert qui est associé au féminisme.

Poing levé dans le signe de Vénus

“Créé en 1967 au sein du Women’s liberation movement aux Etats-Unis, ce symbole associe le poing levé, qui s’est répandu à partir des années 1930 dans le mouvement ouvrier, et le signe de Vénus, identifiant le sexe féminin”, retrace Christine Bard. 

En France, ce signe est repris par le Mouvement de libération des femmes dès 1970. Il apparait sur l’affiche annonçant une réunion à l’université de Vincennes en mai cette année-là.

Ce symbole international est utilisé par de nombreuses associations, comme Osez le Féminisme. “Il montre qu’on est en résistance, en lutte contre les oppressions. Utiliser des symboles permet de créer une identité, un groupe social”, témoigne une porte-parole, Fabienne El-Khoury.

Triangle ou losange

“La dimension phallique du poing levé pousse au début des années 1970 des féministes à inventer un signe qui leur serait spécifique”, décrit Christine Bard. 

Le triangle ou losange formé avec les pouces et index des deux mains symbolise la vulve. Il apparaît dans les manifestations, les réunions, sur les affiches en France et en Italie. “Il signifie +notre corps nous appartient+, par allusion aux luttes pour le droit à l’avortement, une plus grande liberté sexuelle féminine”, selon la spécialiste.

Pour l’historienne du féminisme Françoise Picq, ce symbole est à lier à “la conception de l’époque selon laquelle on peut faire la révolution avec d’autres moyens que celle d’une confrontation virile”. 

Moins utilisé que d’autres, ce signe a toutefois été aperçu au Parlement l’an dernier. La députée écologiste Sandrine Rousseau l’a effectué en réponse à l’intervention d’une autre députée dénonçant des violences faites aux femmes.

Rosie la riveteuse

On retrouve sur des affiches lors de manifestations le portrait de cette femme, coiffée d’un foulard rouge à pois blancs, vêtue d’une blouse et retroussant sa manche. “We can do it!” (Nous pouvons le faire), dit-elle le biceps saillant. 

À l’origine, “le message, patriotique, encourage l’effort de guerre américain”, commente Christine Bard. Ce dessin, réalisé en 1943 aux Etats-Unis, visait à encourager les ouvrières à travailler. Il a été affiché pendant quelques semaines dans l’usine de la Westinghouse Electric Manufacturing Company, spécialiste du nucléaire, avant de tomber un temps dans l’oubli. 

“C’est un symbole d’empowerment utilisé par les féministes à partir des années 1980″, dans différents pays, précise l’historienne.

L’Hymne des femmes

“Nous qui sommes sans passé, les femmes” : c’est par ces mots que démarre “L’hymne des femmes”, souvent repris par des chorales et groupes féministes, notamment lors d’événements. “Nous le chantons assez souvent”, témoigne Fabienne El-Khoury, d’Osez le Féminisme. “C’est un hymne puissant, qui parle de violences sexistes et sexuelles, de sororité, des sujets toujours d’actualité”.

Interprété sur l’air du “Chant des marais”, cet hymne a été créé en 1971 par des militantes du Mouvement de libération des femmes, qui préparaient un rassemblement en mémoire des femmes de la Commune. “À l’époque, il s’agissait d’un chant parmi des dizaines d’autres”, indique Françoise Picq. “Il est devenu l’hymne principal dans la période plus récente”.

À noter, un autre chant féministe s’est imposé récemment. Créé par un collectif féministe chilien, “Un violeur sur ton chemin” a été repris partout dans le monde pour dénoncer les violences sexistes.