Le Luxembourgeois et Milanais d’adoption Christophe de la Fontaine fait sans nul doute partie des designers européens les plus talentueux. S’il a collaboré avec les maisons de design les plus prestigieuses, il est également à la tête de son propre studio: Dante, dont l’univers qui flirte avec le baroque nous a fait de l’oeil. Rencontre avec un designer à l’humilité talentueuse.
Quel parcours de formation avez-vous suivi ?
Je suis passé par les Arts et métiers à Luxembourg, où j’ai étudié la sculpture avant de partir pour Stuttgart, où j’ai suivi un cursus en industrial design avec Richard Sapper.
Pouvez-vous définir votre travail ?
De façon générale, je dirais que cela consiste à développer de nouveaux produits, de faire en sorte qu’un producteur vende plus demain qu’aujourd’hui, tout en suivant un cahier des charges bien établi. Il s’agit également de donner une justification, une raison d’être aux produits dans un contexte contemporain.
Quelles sont vos influences ?
Elles sont nombreuses. L’art, la musique, la mode, et la culture en général.
Comment choisissez-vous vos projets ?
Toujours suite à un briefing le plus défini et abouti possible. J’ai besoin de savoir exactement dans quel projet je m’engage.
Quelle place le design occupe-t-il à Luxembourg ?
Ah, le design est enfin arrivé à Luxembourg (rires) ? Il ne faut pas perdre de vue que sans industrie, pas de design! Il y a bien des designers oui, mais qui oeuvrent dans d’autres domaines: graphique, web, mode, design intérieur. Il est plus judicieux de regarder à l’échelle européenne… (sourire)
Tout le monde peut-il se revendiquer designer ?
Bien sûr, le terme n’est pas protégé, mais il ne faut pas que cela porte préjudice à la profession de designer. Le mot est utilisé dans de nombreux contextes, mais il y perd bien souvent de sa substance.
Quelles qualités faut-il avoir pour être un bon designer ?
Bien observer, regarder vers l’avenir, et, surtout ne pas se laisser influencer par les tendances!
De quels nouveaux talents/savoir-faire faut-il désormais faire preuve ?
Ne pas se laisser tenter de réduire une idée à un seul effet technique.
Le designer est-il devenu un entrepreneur ?
Dans mon cas oui, mais en règle générale, le designer a sans cesse besoin de créer de nouvelles connexions, identifier un problème pour lui apporter une solution, et souvent à coordonnée de A à Z tous le processus qui se pose dans la vie d’un produit.
L’avenir du design passera-t-il par le digital ?
Evidemment, il fait déjà largement partie de nos vies, au point qu’il est désormais impensable de faire sans! Pour le designer, il est en premier lieu un outil de création, puis la base de toute communication. Il entre également en jeu dans la production elle-même, sans oublier la logistique… Bref, le digital est partout !
En quoi le design participe-t-il de la troisième révolution industrielle ?
Simplement parce qu’il donne à tout un chacun la sensation de pouvoir définir soi-même son propre futur.
Le design occupe désormais une place prépondérante au cœur des sociétés. Comment peut-on expliquer cela ?
Car il réside dans tout ce qui nous entoure. Nous sommes tous très sensibles à la question de l’esthétique, du Beau, de la nouveauté.
Comment passe-t-on du design thinking au design doing ?
Just do it (rires)!