Une carrière longue de 30 années au sein d’une même société est une exception à notre époque. Pourtant, il n’aurait pas pu en être autrement pour Carol Dagbovie, directrice des salons Dessange, qui voit dans cette fidélité la façon de saluer l’opportunité qu’elle a reçue.

Investie à 200% dans son métier, sa passion, elle gère tous les salons de la maison à Luxembourg. Rencontre.

S’il n’y avait qu’une seule chose à retenir de votre parcours ?

La rencontre avec la marque. Il y a 30 ans de cela !

Une carrière aussi longue fait figure d’exception. Vous ne vous êtes jamais lassée ?

Jamais ! Chaque jour est un nouveau challenge.

Comment êtes-vous entrée dans le secteur de la coiffure ?

Totalement par hasard, en fait. Au départ, je me destinais à devenir architecte d’intérieur. Mais il y avait trop de maths pour moi (rires) ! J’ai alors totalement bifurqué et ai intégré une école esthétique. Cela faisait sens, pour moi, ces deux domaines ont en commun l’idée de beau, d’esthétique. Le déclic s’est produit lorsque j’ai rencontré le patron de Dessange Luxembourg. Lui et son épouse ont apporté la franchise à Luxembourg en convaincant la marque de s’installer ici. Son épouse m’a fait découvrir l’univers Dessange, tandis que lui m’a formé aux rudiments du management.

Travailler dans un secteur aussi féminin que la coiffure lorsqu’on est une femme : est-ce plus simple ou plus compliqué ?

Un atout, je pense, car on comprend mieux ses collaboratrices. Leurs problèmes sont les miens : faire garder ses enfants… En contrepartie, je sais également que l’on peut concilier les deux ! J’en suis la preuve vivante (rires).

Quelle est la différence entre un management masculin et un management féminin ?

Davantage de sensibilité.

Doit-on être bon manager pour être bon chef d’entreprise ?

Non, pas forcément. Mais s’il ne l’est pas, il doit déléguer à l’un de ses collaborateurs qui aura cette compétence. Un bon chef d’entreprise est celui qui sait s’entourer de bonnes gens et qui sait les placer au bon endroit, au bon moment.

Être une femme a-t-il été un frein dans votre carrière ?

Jamais !

Un atout alors ?

Je ne sais pas. Je ne suis pas dans la tête des hommes. Mais évoluer dans un secteur féminin a peut être facilité les choses.

Accorde-t-on suffisamment de place aux femmes aux postes stratégiques ?

Je pense que le problème est ailleurs : c’est aux femmes de faire leur place. Bien sûr, il y a encore de nombreuses injustices et de grands progrès à faire. Cela étant, je ne suis pas pour une parité absolue. On doit laisser la possibilité aux femmes d’occuper de tels postes, c’est une chose. Ensuite, c’est à elles de faire leurs preuves. Je suis pour l’égalité des chances en fonction des compétences. Mais trop souvent, les femmes se limitent toutes seules, en choisissant de placer leur vie de femme ou de mère au premier plan. Le poids de tant d’année placées sous le joug d’une société patriarcale pèse encore lourd sur les mentalités.

Comment concilier vie professionnelle et vie personnelle lorsqu’on occupe un poste à responsabilités ?

En étant extrêmement bien organisée. C’est la base de tout. On fait nos choix : avoir une carrière, accepter une promotion, faire des enfants. Ensuite, il faut les assumer. Si on choisit un métier qui nous passionne et qu’on l’on a le désir d’enfant, c’est à nous de faire en sorte que les choses se passent bien. En comblant les absences, en anticipant.

D’un autre côté, lorsque l’on est en famille, il est impératif de se libérer la tête pour accorder un véritable temps de qualité à ses enfants. Il faut être présente ce qui n’implique pas d’être tout le temps avec ses enfants. Le congé parental aurait plus de sens à l’adolescence, par exemple : les enfants ont davantage besoin de leurs parents à cette période de la vie.

Avez-vous des regrets ?

Pas un regret, mais je déplore le fait que l’on ne privilégie plus les métiers manuels, comme la coiffure, alors que cela peut être passionnant ! En effet, toutes ces professions requièrent un véritable savoir-faire et cela n’est pas assez mis en lumière !

Quel conseil donneriez-vous aux femmes qui souhaitent occuper de hautes fonctions ?

S’investir à fond et travailler avec passion.