Balance ton quoi ? Ton rappeur. Un jour peut être ça changera. Réellement cette fois. Depuis plusieurs jours, un nouvel hashtag grandit sur Instagram. Il consiste à dénoncer une figure publique pour agressions, violences physiques ou morales envers autrui. Qui vise-t-on depuis le début du mouvement ?
A l’origine d’accusations envers Moha La Squale, jeune rappeur français, ou encore Roméo Elvis, l’artiste belge, plusieurs femmes s’activent sur les réseaux… Pourtant, les deux hommes ne sont pas les seules cibles des critiques.
Moha La Squale, loveur et destructeur
Dans ses sons, l’artiste français chante sur un ton de loveur. Mais finalement ses paroles ont une apparence trompeuse. Au début du mois de septembre, trois femmes ont porté plainte contre le rappeur. Agressions sexuelles, séquestrations, violences…les faits d’accusations sont forts. Sur Instagram ou sur Twitter, une puis deux puis plusieurs femmes se révoltent et publient alors des stories racontant leurs aventures et leurs peurs. Elles se rendent ainsi compte qu’elles ne sont pas seules. Résultats : au début d’un mois, six femmes ont porté plainte, dont trois de manière anonyme. En juin dernier, il avait déjà été arrêté pour refus d’obtempérer, violence sur agent de la force publique et rébellion.
Lena Simone, fervente défenseuse des droits des femmes, engagée et féministe, prend part à l’affaire via Instagram. Dans sa story, elle relaie le témoignage d’une certaine Romy, qui explique avoir elle aussi été agressée par le rappeur. Seulement, Lena Simone est la compagne de Roméo Elvis. Dès lors, l’histoire va prendre une autre tournure.
Roméo Elvis, sa meuf et sa soeur
Début du mouvement #BalanceTonRappeur. Après le cas Moha La Squale, c’est au tour de Roméo Elvis. La dénonciation du premier a engendré un élan de confiance poussant d’autres femmes à témoigner contre le second. En début de semaine, Roméo Elvis est accusé d’agression sexuelle. Il serait entré dans une cabine d’essayages d’un magasin à Bruxelles, tenu par des amis, et il aurait, physiquement, porté atteinte à une jeune femme de 23 ans. Celle-ci dénonce l’acte dont elle a été victime sur le réseau social Instagram et le rappeur réagit rapidement disant qu’il regrette son comportement, n’en est pas fier et s’excuse à plusieurs reprises. Il écrit aussi qu’il ne veut absolument pas de sa copine l’apprenne. Sa meuf, justement, c’est Lena Simone. Sa soeur, est la chanteuse Angèle. Toutes deux sont féministes, le revendiquent explicitement et n’hésitent pas à afficher leur engagement sur les réseaux sociaux. Une occasion bien trop belle de déplacer le problème ?
Un tribunal populaire
Car, on aurait pu imaginer que cet élan aurait ouvert un débat, posé les bonnes questions, voire peut-être même, amorcer un début de réflexion. Or, suite à ce témoignage et aux accusations portées à l’encontre du rappeur belge, le tribunal populaire se réveille. Et il ne s’attaque pas directement aux personnes concernées mais aux proches de ses dernières. Angèle et Léna Simmone sont reliées aux affaires de leur frère et compagnon. Parce qu’elles défendent les droits des femmes, qu’elles en font des stories et des chansons, on exige d’elles une réaction. Réelle. Rapide. Et concrète. Sur Twitter, le hashtag #BalanceTonFrere devient viral.
Pourtant, on en vient rapidement à se demander pourquoi, elles, qui n’ont rien fait, doivent répondre des actes qui ne sont pas les leurs ? Une logique tordue, qui a au moins le mérite de légitimer les engagements d’Angèle et consort.
Texte par Fanny Muet