«Je n’ai pas allaité mes enfants au sein». C’est ainsi que débute la Tribune, publiée mercredi dernier dans Libération. Derrière cette voix, largement suivi et reprise, la journaliste Lauren Bastide et la blogueuse Titiou Lecoq, qui ont pris le parti d’en finir avec la dictature de l’allaitement.

Parce qu’alors que le choix s’offre aux femmes, la société met un point d’honneur à les faire culpabiliser quand elles refusent de nourrir au sein leur bébé. Des arguments en faveur de l’allaitement, bien sûr, il y en a plein: il permettrait au nourrisson d’être en meilleure santé – 800 000 bébés sauvés, arguait le journal Le Monde récemment –, d’avoir un QI plus élevé… Et la liste est longue. Les auteures de la Tribune réfutent une à une ces vérités toutes faites – exception faire de la mort subite du nourrisson, pour laquelle aucune réponse scientifique fiable ne permet d’en identifier la cause réelle – pour ne mettre en avant que la liberté de choisir et celle de disposer librement de son corps.

Mais plus que tout, il leur importe de mettre en avant le libre-arbitre, et de déculpabiliser les femmes, et de ne pas les opposer entre elles. «Il ne faut ni culpabiliser les adeptes du biberon ni moquer celles du sein. Toutes se trouvent confrontées au même problème: le jugement d’autrui. Les premières seraient des infanticides en puissance, les secondes des arriérées.»

Ne plus redouter les regards

Et invitent les femmes à briser ce tabou, en osant dire «Non, je ne veux pas allaiter». Et ainsi ne pas laisser les préjugés diriger leur choix, pour enfin mettre espérer mettre fin à la pression, tout simplement hallucinante, sur le sujet. Et expliquer que le fait d’être une bonne mère ne se résume par à allaiter ses enfants. Combien de femmes n’ont pas osé dire non lors de la tétée de bienvenu, alors qu’elles n’en ressentaient pas l’envie. Mais la peur d’être jugée par son entourage, mais aussi le corps médical et d’être perçues comme des mauvaises mères – a fortiori quand c’est pour le premier bébé – ont fait qu’elle ont cédé. Parce que, finalement, ne vaut-il pas mieux donner un biberon avec amour, qu’allaiter à contre-cœur?

On salue largement l’initiative de ce texte féministe, qui va sans aucun doute soulager bien de nombreuses futures mamans. Mercredi dernier, elles étaient déjà 3500 femmes à avoir signé la pétition. Et vous?