La pandémie et la guerre d’Ukraine nous ont montrés, la fragilité de nos systèmes d’approvisionnements alimentaires. Le coût du panier de la ménagère s’est envolé. L’impact sur nos équilibres économiques, financiers et sociaux est colossal au bénéfice des bilans des grands de la distribution et de l’agroalimentaire.
Par Cadfael
Une opacité certaine
Les tensions internationales ont généré de fortes turbulences impactant les marchés alimentaires habilement exploités par les grands acteurs économiques transnationaux. Les gouvernants gesticulent en se voulant rassurants, mais sans grand effet sur un pouvoir d’achat en berne. Les observateurs suggèrent une nouvelle forme d’inflation, boostée par une spéculation excessive sur les biens d’alimentation. Les suspicions et interrogations se lèvent sur les hausses quasi constantes des prix de l’alimentaire pour s’interroger sur la responsabilité des grands de la distribution. Même les pommes de terre de la récolte précédente, toujours fraîches, grâce à un traitement anti-germination « sans risques pour la santé du consommateur » ont vu leur prix au kilo, augmenter. Le site du ministère de l’agriculture français « rnm.franceagrimer.fr » offre la possibilité de constater les écarts de prix sans donner d’explications. Un parallèle peut être fait avec les pétroliers, il s’agit des énormes bénéfices engrangés tant par ces derniers que par les grands de la distribution.
Cela devient d’autant plus choquant lorsque dans cette même Europe la société civile souffre. Dans certains pays de l’Union européenne, 75 %t des habitants n’arrivent pas à joindre les deux bouts en fin de mois.
Le prix des produits alimentaires chute !
Mais le prix des produits alimentaires chute. Tel est le constat du 7 avril dernier de la FAO. La FAO est une organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture. Elle est composée de 195 membres, 194 pays et l’Union européenne, son implantation permet de donner un reflet assez précis de ce qui se passe dans l’économie de l’alimentaire.
Régulièrement une note explicative concernant l’indice des prix est éditée par la FAO. On peut y lire que « ces 12 derniers mois (depuis mars 2022), l’Indice a en effet chuté de 20,5 %. Ce mois de mars, le déclin résulte de la baisse conjuguée des indices des prix des céréales, des huiles végétales et des produits laitiers, malgré la hausse des indices des prix du sucre et de la viande. » Les huiles végétales, soja, colza et tournesol enregistrent une chute de 47,7 % de moins qu’il y a un an, les produits laitiers 15.6 % de moins en un an. Le prix de la viande, une « matière première » négociée, se solde par une baisse moyenne de 5.3 % sur un an. La volaille en revanche chute pour le neuvième mois consécutif « lorsque le prix du sucre a augmenté « seulement » de 1,5 % sur douze mois. Une tendance identique s’observe sur « l’Indice FAO des prix des produits laitiers qui s’est établi à 0,8 % de moins qu’en février, et 10,7 % de moins que l’année précédente à la même période ».
La rapacité fait loi
Le 6 mars dernier, le site de TFI interrogeait : « La vraie question est de savoir si la grande distribution et les industriels font vraiment tout leur possible pour limiter la casse. » La réponse est claire et vaut non seulement pour la France, mais pour toute l’Europe : les profits des grands groupes ont explosé : « plus 25% chez Unilever qui fabrique la moutarde Amora et les glaces Magnum, plus 10% chez les biscuits Lu et le chocolat Milka, et plus 26% chez Stellantis » groupe automobile. Chez Procter et Gamble sur 12 euros que coûte un baril de lessive, il y en a 3 qui partent en dividendes pour les actionnaires, constate-t-on chez TF1. « Sur un an, les plus fortes hausses sont à mettre à l’actif du paquet de sucre premier prix (+ 81 %), de l’huile de tournesol, premier prix (+ 79 %), du riz basmati (+ 47 %) ou des chips (+ 44 %). A la Banque centrale européenne, on est d’avis que « le moteur de la hausse des prix en Europe tient désormais aux comportements de marges des entreprises ».
Les temps changent et il serait probablement temps qu’à la place d’une maximisation des bénéfices des actionnaires les grands groupes commencent à réfléchir sur un capitalisme incluant une petite once d’éthique et de gratitude vers le client.