Des fausses notes dans la communication
Le confinement a été décrété et mis en place très rapidement. Fermeture des écoles, des crèches, des magasins, promotion du télétravail quand il était possible. Annulation de toutes les activités et des événements non indispensables.
Seuls les magasins d’alimentation, les pharmacies, les institutions financières et d’assurance, les services funéraires, les kiosques, les commerces de télécommunication, les stations services ont continué à fournir les citoyens à qui, on a expressément demandé, de : «Restez chez vous».
Confinement absolu pour éviter la propagation du virus, mise en place de structures d’accueil pour anticiper l’augmentation de cas touchés par le Covid 19.
Dès le 18 mars, l’état de crise était proclamé pour trois mois. Les points presse se sont succedés avec cette même volonté d’informer les résidents sur l’étendue du virus dans le pays et sur les mesures supplémentaires prises par le gouvernement, fermeture des chantiers… Bref en quelques temps, tout ou presque, était à l’arrêt.
La réactivité et le leitmotiv de notre premier ministre mettaient du baume au cœur à tous les gérants (tes) de PME: « pas une seule faillite ne devra avoir lieu en lien avec l’épidémie ». A Luxembourg, les résidents ont eu le sentiment que Xavier Bettel avait pris la mesure de ce qui se passait et entrepris avec Paulette Lenert d’anticiper pour parer à la pandémie.
Mais force est de constater que tous les membres du gouvernement n’ont pas le même charisme, la même diplomatie ni la même empathie.
Que dire de : « On ne pourra pas sauver toutes les entreprises » Franz Fayot, Ministre de l’Economie lors d’une conférence de presse le 20 mars. “Les riches indépendants comme les avocats, les patrons de grandes entreprises, etc. qui se sont enrichis dans le passé n’ont pas besoin d’être aidés » selon Monsieur Kersch, Ministre du travail, des sports et vice premier Ministre. Ce à quoi, Maître François Kremer, bâtonnier, s’est empressé de répondre dans un courrier, envoyé le 9 avril à l’attention de notre Ministre du travail : « Lors de sa séance d’hier, le Conseil de l’Ordre a pris acte des premières démissions de confrères, sans ressources par ces temps de crise, qui vont désormais s’inscrire au chômage. »
Souffler le chaud et le froid, dans un moment pareil, est inacceptable, est-ce un dysfonctionnement des services de l’état ou, plus grave, de profonds différents au sein d’une équipe ministérielle ?
Des aides pour tous ?
Depuis un mois, les mesures d’aides pour l’économie sont légions. Un tableau est disponible sur le site du gouvernement. Pas moins de six pages pour expliquer aux indépendants (tes) et /ou PME, toutes les mesures auxquelles ils (elles) peuvent avoir droit.
De toutes celles listées, le chômage partiel est celle qui soulage le plus rapidement les indépendants (tes) et les PME qui ont fermé suite à l’entrée en vigueur du règlement grand-ducal du 18 mars 2020 portant introduction d’une série de mesures dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Le chômage partiel doit également soulager, les indépendants (tes) et /ou PME qui, ont fermé en cascade parce que leurs clients, leurs fournisseurs étaient concernés par le règlement grand ducal ou situés à l’étranger dans une situation identique.
Le chômage partiel est la meilleure parade à une éventuelle vague de licenciements. Mais cette mesure a toujours existé, et certaines entreprises y sont abonnées.
Les banques, tels que BGL BNP Paribas, ont proposé des moratoires pour les crédits et leasings divers. Et il est légitime d’être rassuré et de se dire que les banques soutiennent les PME … Par contre, les intérêts continuent à courir même pendant le moratoire… Situation exceptionnelle mais… Money is money…
Alors quid des nouvelles mesures ? Et bien deux mesures sont de véritables « aides » :
– L’indemnité d’urgence pour indépendants de 2500 euros,
– L’Aide financière non remboursable et défiscalisée de 5000 euros.
Il serait intéressant de connaître le nombre d’indépendants (tes) et/ou de PME qui en ont bénéficié.
Entrepreneur ce n’est pas un métier, c’est un état d’esprit et il y a autant de modèles de PME que d’entreprises, tout comme il y a autant de raisons pour lesquelles les entreprises ont vu le jour que de dirigeants. Tous les entrepreneurs (ses) ne sont pas riches. Par contre, chaque entrepreneur connaît son seuil de rentabilité et son point mort ainsi que sa saisonnalité…
Personne ne peut affirmer avec certitude quelle sera la date du déconfinement et comment il se mettra en place. Un chiffre d’affaire qui n’est pas réalisé est perdu. Toutes les mesures qui prévoient des prêts, anticipent sur une reprise fulgurante de l’économie pour parvenir à rembourser un prêt non prévu. Les indicateurs économiques sont plus frileux. Est-ce que les PME ont été consultées pour établir toutes ces mesures ?
Quelle est la situation la plus enviable à Luxembourg ? Salarié ou entrepreneur ?
Personne dans l’économie réelle ne veut être un dommage collatéral
Un mois après le début du confinement, l’économie est pratiquement à l’arrêt.
La demande de chômage partiel de ceux et celles qui, par règlement grand ducal ont été » contraints de cesser leur activité, a été traité. En revanche, nombre de ceux et celles qui font partie des dommages collatéraux, qui n’ont pas été légalement contraints de cesser leur activité mais qui n’ont pas eu le choix attendent toujours que le comité de conjoncture statue sur leur dossier.
Monsieur Dan Kersch a fait un point presse le 14 avril : « Plus de 372 millions d’euros ont été débloqués et 9 933 sociétés ont introduit 14 728 demandes pour mars et avril. Et tout cela se trouvera sur le compte des sociétés dès demain. »
Last but not least… Ce qui, d’après nombre d’entrepreneurs.euses, est particulièrement pénible c’est l’absence de réponse et d’interlocuteur au sein des administrations.
C’est ce vide qui a donné une place de choix aux réseaux sociaux et au groupe Rescue Independents & Startups créé par Alliancup et son fondateur Giovanni Patri qui répond aux questions des indépendants et des entrepreneurs. Concernant les indépendants qui ne peuvent bénéficier de chômage partiel, le groupe propose que l’indemnité d’urgence soit octroyée tous les mois et que la cotisation CCSS soit plafonnée à 100 euros, le temps du confinement. Une mesure qui pourrait également être mise en place pour les PME.
Un autre problème inhérent aux indépendants et aux entrepreneurs, ce sont les liquidités mises à mal par des paiements qui tardent. Leur solution : activation d‘un fond de 3 à 7 millions de la part du gouvernement pour faire de l’affacturage. La mesure mérite que l’on s’y intéresse de plus près.
Avec une économie à l’arrêt comment faire pour honorer le loyer commercial ? Une solidarité des propriétaires avec l’économie réelle serait la bienvenue comme c’est le cas dans d’autres pays de l’Union Européenne ou comme l’ont fait les centres commerciaux de City Concorde et Belle Etoile.
Un effort de quelques mois effectué par les propriétaires, aux entreprises concernées, coûterait moins cher à la communauté que des faillites en cascades… Sommes nous tous prêts à faire des efforts pour éviter une faillite généralisée ?
Texte : Maria Pietrangeli